Jeu : une année en quatre temps, suite

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rappel du jeu
'L'Auberge vous propose un petit jeu tout b?te et tout simple, bas? sur la progression d'une histoire et l'?volution d'un personnage.

Mettez en sc?ne votre personnage principal ou vos personnages principaux ? quatre dates diff?rentes de l'ann?e et faites le/faites les ?voluer sur la longueur d'une ann?e environ, en quatre paragraphes ou chapitres. Datez chacune de vos quatre entr?es comme s'il s'agissait d'un journal, mais pour le texte lui-m?me, il n'a pas ? ?tre sous forme de journal, si une autre forme vous convient mieux.

Ce jeu peut para?tre tr?s basique et presque "b?b?te", mais en ?crivant votre texte, vous constaterez qu'il n'en est rien et que vous allez tirer de votre plume des mots inattendus.
D'autres jeux th?matiques vont suivre sous peu. Bons textes et ?tonnez-nous !'

les premi?res contributions sont ici
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Je poste ma contribution, mais une premi?re partie seulement, deux saisons, parce que c'est long et que je ne sais pas combien de temps je vais mettre pour terminer.

J'ai situ? cette contribution ? la suite de la nouvelle Tevlik, que j'ai rebaptis? Th?ia.
On peut lire le premier chapitre, donc, ici :
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THEIA (2)


(R?sum? : Isabel, g?ologue, et Adam, coordinateur du vaisseau interplan?taire Yang Ts? Kiang, se retrouvent dans un autre monde qui va ? l?envers au niveau du temps, par rapport ? notre monde normal. Du coup, de personnes m?res, m?me vieilles, ils se retrouvent homme jeune et jeune femme, et d?cident de venir en aide ? une civilisation naissante qui est en train de s?installer sur le satellite tellurique Th?ia, dont toute vie a ?t? supprim?e dans l?autre dimension. Ils esp?rent ainsi changer le cours du destin de la plan?te, lorsqu?elle reviendra dans le cycle droit.)

*


Tu as fondu le jour je vois tes pieds nus je chante, je vais au nord dans toutes tes traces, je puise sur la route un signe que tu passes, signe de terre o? l?ancien ?ge de nos vies nous revenait. Ma lame en pierre, une peau brune, ta peau fonc?e, je bois toujours aux peaux des sources que tu longes dans tes muscles secs, des peaux environn?es d?un infini couteau de bronze, celui des phrases dont tu ne te souviens certainement pas, quand on ?tait au matin gris ? remuer si patiemment l??corce, et tout ce que tu m?apprenais tout cela maintenant nous retourne ? l?heure o? le chemin de nos maisons s??crit.
(les Chants de T.)



Cercle des pionniers, automne, mois des fruits de l?an II



L?un des premiers savoirs qu?Isabel avait essay? d?acqu?rir ?tait celui de la glaise. Des femmes avaient isol? sur les collines de l?ouest un gisement d?argile rouge?tre, et l?avaient d?coup? ? la force de leurs haches. Isabel commen?a les va-et vient qui consistaient ? ramener ? l?atelier du camp, bien envelopp?s dans des ?toffes, les gros blocs de terre tranchants. Puis elle apprit ? les ramollir avec l?exacte quantit? d?eau, ? les modeler ou ? les tourner, puis enfin ? les faire cuire. Le modelage n??tait pas un probl?me, elle enseignait m?me aux jeunes les r?gles essentielles des formes, comment faire appara?tre l?ossature sur un corps avant la chair, trouver le mouvement des ailes d?un oiseau, comment se dessinait le mufle des pr?dateurs de la plan?te, sortes de gros chats sauvages au pelage bleu noir, l?anatomie des corps humano?des. Sculpteuse n?e, mais sans r?elle technique, elle acquit une r?putation d?artiste dans ce groupe plut?t ignorant, et il lui fallut beaucoup de temps pour expliquer qu?elle n??tait elle-m?me qu?une apprentie dans le domaine. Qu?elle n??tait mue que par la d?mangeaison primaire et puissante de l?enfant qui ne peut pas s?emp?cher de p?trir la terre, l??tirer, lui faire prendre une forme. Par contre le tournage, c??tait compliqu?. Elle mit plusieurs mois ? ma?triser la vitesse de rotation de la girelle, ses premi?res productions avaient un dr?le d?air tordu. Et elle se fit une luxation du poignet qui mit plusieurs semaines ? gu?rir. Aujourd?hui cependant le pichet de terre ?tait beau et noble entre ses doigts. Rouge et luisant. Sa premi?re ?uvre. Elle se dit qu?elle en ferait un pr?sent, peut-?tre pour faciliter l??tablissement de relations avec ces ?tres qui n??taient pas toujours faciles, ni prompts ? accepter des inconnus, m?me apr?s de longs mois. Comme le ciel s?obscurcissait, elle rentra sous la tente.


Adam n??tait pas l?. Il s?absentait de temps ? autre pour des nuits enti?res, revenait au petit matin, la peau glac?e par un bain dans la rivi?re, elle le sentait lorsqu?il posait en guise de salut sa main sur sa joue, l?air ?puis? et chantant doucement pour lui-m?me. Isabel avait rep?r? l?heureuse cr?ature avec laquelle il s??tait probablement li? : une jeune humano?de tamarienne, dont la silhouette douce et tranquille ?voquait une salamandre, et qui en avait l?extr?me souplesse. Il ?tait presque impossible de converser avec Shee-nah, de par la complexit? de son langage, fait de m?taphores tir?es de sa propre mythologie. Le traducteur universel faisait ce qu?il pouvait, mais c??tait tr?s peu, en v?rit?. Il y avait chez elle une extr?me timidit?, et un respect infini pour tout ce qui vivait. Shee-nah aurait volontiers march? sur l?air pour n??craser personne, et encore on sentait qu?elle aurait parl? aux mol?cules d?azote pour leur demander de l?excuser.

- Je te souhaite la paix, saluait Isabel le matin selon la coutume des pionniers, la main appuy?e un instant au niveau du coeur.
- Temba, ses bras ouverts, et l??le Karnok vers la fin de la saison, r?pondait Shee-nah.

Isabel supposait qu?il y avait de l?amiti? dans la r?ponse, mais en r?alit? elle n?en savait rien du tout et s?avouait son ignorance. Il faut croire qu?Adam et son pouvoir de vraie communication avaient su aller plus loin que ces balbutiements d?courageants.

Adam lui avait expliqu? qu?ils venaient tous les deux, elle, Isabel, et lui, d?un autre univers, mais c??tait extr?mement flou dans son esprit, et cette incapacit? ? se rappeler consciemment une vie pass?e ou diff?rente l?exasp?rait. Il lui fallait toute la confiance qu?elle avait en son ami pour le supporter, et continuer leur mission, qui, selon lui, consistait ? apporter de l?aide au groupe d?humano?des dans leurs efforts d?installation sur Th?ia.
Tous les jours n??taient pas faciles, par exemple lorsque les nombreux orages de montagne transformaient l?endroit de la vall?e o? ils ?taient install?s en maelstr?m hurlant et d?ferlant de pluie. Et mettaient les nerfs des hommes et des femmes ? rude ?preuve. Pourtant Isabel trouvait dans cette vie un puits sans fond d?une force in?branlable, qui transformait petit ? petit son corps et son esprit.




*



Le 20 d?cembre, enfin je crois?



C?est l?hiver sur notre continent de l?h?misph?re septentrional. La neige est d?j? tomb?e plusieurs fois, et nous avons maintenant doubl? la laine des grandes tentes, il reste les tentes individuelles ou des petites familles ? renforcer, nous ferons ?a demain ou un autre jour, j?avoue que ces travaux d?hiver m??puisent. La neige rend tout difficile, les marches, les moments immobiles o? il faut s?appuyer, ? l?int?rieur du corps, sur la nourriture pour esp?rer un peu de chaleur, les raquettes qui sont un moyen id?al de locomotion, mais seulement lorsqu?on ne doit pas ouvrir une voie, ou virer rapidement dans une pente. La neige rend tout difficile. Pourtant c?est aussi un engrais pour les jeunes arbres, le ch?taignier que je viens de planter se portera mieux au printemps d?avoir ?t? ainsi englouti sous la couche blanche des glaces. L? automne fut remarquable pour moi : j?ai vu mes muscles se d?velopper, mes hanches se solidifier, ma poitrine ?tre plant?e sur le socle des pectoraux qu?il fallait employer pour la nage dans le torrent, deux longs piliers de chair me donner lieu de jambes, et m?emporter exactement l? o? je d?sire. Pour une jeune femme ?lev?e dans les livres et l?observation des roches et des plan?tes, c?est revigorant et excitant ? l?extr?me. Comme si je naissais encore et encore.

J?ai d?couvert hier, de l?autre c?t? de la vall?e, un barrage naturel qui recouvrait une grande ?tendue de roches. Tout autour s?est ?tablie une for?t alpine, maintenant travers?e de tous les chemins que je trace dans mes marches. Tous les matins, pour rapporter de l?argile ou du bois de chauffage, je monte jusqu?au lieu nomm? Refuge de par sa ressemblance avec une caverne creus?e par l?homme. En r?alit?, il ne s?agit que d?un simple trou karstique naturel. De l?-haut, ? plus de deux mille cinq cent m?tres certainement, (il faut vraiment que je le construise, cet altim?tre, mais d?j? mes poumons et mes oreilles me l?indiquent assez clairement), on d?couvre un lieu ?trange rempli de ces cavernes troglodytes. Je n?ai encore jamais cherch? ? savoir si elles ?taient habit?es, mais au campement on chuchote sur elles des phrases pleines de terreur. D?abord, c?est le terrain de chasse des capricants, ?normes insectes mortels qui chassent le sang des mammif?res pour se nourrir. Leur venin paralyse le corps de leur victime, jusqu?? ce qu?elle soit vid?e de toute substance. Et si cela ne suffisait pas, un venin secondaire aux effets d?arsenic, tue encore plus rapidement la proie.
Et puis, des corps de pionniers ont ?t? d?couverts, mutil?s, tortur?s. On parle d?un homme, un chef, qui vivrait dans l?un des trous les plus ?loign?s, et qui terroriserait ses proches, ainsi que tous ceux qui osent s?approcher de lui. On dit qu?il se nomme Baten Ka?tos, mais personne, dans le camp, ne l?a encore jamais rencontr?.

Ce soir, j?ai rapport? une pierre de la montagne, non loin du Refuge, et Adam m?a demand? la permission de poursuivre une vision ? partir d?elle. Il avait l?air bizarre : lui qui d?habitude n?a peur de rien, n?est stress? par rien, et que rien ne met en col?re, il avait une attitude ?trange, j?aurais jur? qu?il y avait, oui, qu?il y avait de l?inqui?tude dans son regard. Je suis quand m?me entr?e dans le silence d?accompagnement, bien envelopp?e dans mes couvertures. Et puis brusquement j?ai fait ce qu?il ne faut jamais, jamais faire, interrompre un initi? au commencement de sa vision.

- Adam ! dis-moi?
- Oui ?
- Pourquoi installes-tu toujours ton sac m?decine ? l?est, au couchant ? est-ce que ce ne serait pas mieux l?ouest ? Pour moi, l?ouest c?est l?espoir, le soleil qui se l?ve, le monde qui recommence, qui rena?t.
- Tout cela n?est que symbolique, tu sais ! D?ailleurs, toutes les plan?tes n?ont pas la m?me rotation, j?ai commenc? ? faire des mesures astro, j?ai l?impression que nous tournons dans l?autre sens que les autres plan?tes du syst?me, ce serait int?ressant de savoir pourquoi.
- Ah bon ? ah, cela expliquerait des anomalies que j?ai d?tect?es aussi, alors, il faudra enqu?ter. Bon, mais m?me symboliquement, pourquoi se tourner du c?t? du coucher du soleil, Adam ?

Adam a referm? les yeux un moment, puis m'a r?pondu :

- Parce que c?est li? ? la qu?te de la vision. Que, au fur et ? mesure que la vie se d?roule, nous devrions chercher ? devenir de plus en plus petit, comme le soleil, car c?est le moyen de devenir de plus en plus grand. Le soleil accomplit ce voyage tous les jours, il devient de plus en plus grand, puis de plus en plus petit, il faut l?imiter. Ne pas chercher le pouvoir, ne pas chercher l?argent, la notori?t?, ne pas?
- Mais chercher ? devenir plus grand, n?est-ce pas une mani?re valide de vivre, tout de m?me ? N?est-ce pas une mani?re de vouloir s?am?liorer ? Si je suis connue, c?l?bre, je porte une responsabilit?, celle de constamment ?tre ? la hauteur de moi-m?me. C?est utile, aussi ! Et dans ce cas j?apporte aux autres.
- Isa, en fait, tout cela n?a aucune importance, cela ne change rien, ni en bien ni en mal. Etre connu ou inconnu, c?l?bre ou pas, ce n?est pas important, dans le fond. Et puisque ?a n?a finalement aucune importance de devenir ou non connu, mieux vaut exercer son ?nergie ? devenir de plus en plus petit, car c?est le seul moyen d?obtenir une connaissance sous-jacente. Entrer dans la structure microscopique des choses. Comme le chameau qui entre par le chas d?une aiguille.
- Le chameau ?? quel chameau ?
- Le Christ de la religion chr?tienne dit qu?il est plus difficile ? un riche d?entrer dans le royaume des Cieux qu?? un chameau de passer par le chas d?une aiguille. J?aime beaucoup cette image, et je pense qu?elle n?a pas ?t? suffisamment comprise, ni bien traduite dans toutes les langues. A l?origine, la derni?re partie de la phrase a plus d?importance que ce qu?on lui donne. Ce n?est pas seulement une m?taphore, c?est une d?marche. Lorsque le chameau arrive ? se faire si petit qu?il peut passer par le chas d?une aiguille, alors il entre dans le Royaume des Cieux. Et c?est pour cela, je pense, que les visions se conduisent du c?t? du couchant.

Il s'est tourn? vers moi en souriant avec malice:

- Enfin, quand on arrive ? les mener ? bien. Quand on n?est pas d?rang? constamment, quoi?

Pensive, je suis retourn?e dans le silence d?accompagnement, dans mes couvertures. Et j?ai commenc? ? respirer longuement, en tenant mon souffle entre les deux mouvements d?inspiration et d?expiration. Quelques dizaines de minutes apr?s, j?ai senti revenir Adam, il a ouvert les yeux. Son expression ?tait encore plus ?nigmatique. Cette fois, il paraissait? perplexe. Encore une expression que j?avais tr?s rarement remarqu?e chez lui. Il m?a dit :
- Dans quelques r?volutions de la plan?te, nous irons vers les cavernes, toi et moi.
- Seuls ? me suis-je ?cri?e bien malgr? moi.
- Mais oui, petite chevrette, va, tu ne vas pas encore ?tre mang?e par les loups ! On peut proposer ? Shee-nah de nous accompagner, si tu veux, cette femme est la plus terrifiante guerri?re que j?aie encore jamais rencontr?e.

- ? ???


Eh bien, j?en ai appris des choses cette nuit?






*

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Ah moi aussi j'en ai appris des choses à te lire. Désolée de ne l'avoir pas fait avant, j'ai été fort prise hier par mes ateliers d'écriture...

J'aime cette suite, je me souviens bien du premier texte qui m'avait marqué. C'est très amusant cette plongée dans des mondes de sciences-fiction, cette littérature de l'imaginaire ( en plein recrudescence d'ailleurs)... C'est uen part d'enfance qu'on réinvestit, e crois, comme être Robinson dans un monde pourvu de règles différentes et toute sagesse se redécouvre.
Bon, j'espère que tu écriras une suite, savoir ce qui hante ces cavernes...

j'ai une question qui me taraude, pourquoi choisir à peu de choses près ton nom pour l'héroïne? je me le demande car c'est une chose que je n'arriverais jamais à faire...
isa

oui, oui, la suite vient, mais c'est long à écrire, et j'ai beaucoup beaucoup de travail en ce moment.
Et il y a une raison précise pour laquelle mon personnage s'appelle Isabel Hawk, mais ça n'a rien à voir avec moi, malgré le prénom.

Et tu m'épates : l'auteur peut bien nommer ses personnages comme il en a envie, pourquoi n'arriverais-tu jamais à le faire?? tu as peur qu'on t'enlève un point de permis?

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non, bien sûr, c'est que les noms c'est sacré pour moi, prendre un de mes prénoms, ce serait me projeter plus ou moins consciemment dans le personnage et c'est une chose qu'en prose je ne désire pas.
isa

D'ac, je comprends ce que tu veux dire... Point intéressant ! Alors, voyons pour moi :

- le sacré : oui, pour moi aussi, les noms c'est sacré, en particulier celui-ci, la forme espagnole de ce prénom qui est particulièrement importante pour moi, personnellement et pour une raison très ancienne. Plus l'association de ce prénom avec ce nom de famille.

- le détachement vis-à-vis de mon propre prénom. J'aime mon prénom, mais j'ai deux personnes très proches de moi, une de mes vraies amies, plus la femme d'un jeune prof et ancien étudiant que je connais très bien et dont je suis proche, qui s'appellent Isabelle. Je ne suis donc pas la seule Isabelle dans mon monde intérieur. Cela explique peut-être.

- je ressens une grande liberté vis-à-vis de la projection : cela ne me gêne pas du tout d'injecter des choses qui feraient partie de ma vie dans mon personnage : les suites de Bach (que je joue), la géologie (que j'étudie). Cela ne m'empêche pas d'observer, ensuite, ce personnage évoluer selon ses règles propres et sa logique propre, et de le regarder évoluer, je dirais même, avec une grande curiosité. Et plaisir (amusement,je m'amuse avec ces nouvelles-là, en fait, c'est tout). Disons que, comme je suis à peu près la seule à connaître ma vie, cela n'a pas grande importance pour moi si des choses superficielles sont communes avec mes personnages.

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je te rejoins sur le troisième pint ( évidemment) mais le prénom est la limite que je mets alors. A la rigueur, je donnerais mon prénom à un personnage que je créerais alors le plus différent qu'il est possible de moi. Mais les deux associés,... je bloque

Mais c'est vrai que c'est une question très personnelle, chacun le vit différemment...
isa

Tu bloques peut-être tout simplement parce que ce que tu écris est plus... sérieux, plus 'pour de vrai' que ce que je fais moi qui est une pure distraction.

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oh... mais ca m'arrive de délirer aussi en écrivant
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