Lise, à qui j'ai envoyé l'enregistrement, m'a dit qu'elle n'aurait rien compris si elle n'avait pas eu le texte devant les yeux et qu'elle reconnaissait un accent anglais... Faut dire que je n'ai pas une très bonne diction et que parler joual implique l'escamotage de plusieurs syllabes. Quand j'étais petit, avant d'aller à l'école, à l'époque où cette histoire est sensée se dérouler, la plupart des enfants avec qui je jouais étaient des anglophones. On baragouinait tout plein mais on réussissait à se comprendre. J'ai peut-être, inconsciemment, repris un accent de l'époque qui peut sonner anglophone. Pour soi-même, nous n'avons pas d'accent : ce sont tous les autres qui en ont un.
Oui, l'accent acadien est un ravissement pour l'oreille, je suis bien d'accord ! Et c'est en même temps près et éloigné du joual : il y a un fond commun, bien sûr, mais l'acadien a encore plus de particularités et plus d'anglicismes aussi, du fait de la Déportation (du Grand Dérangement comme ils disent) Et comme les Acadiens n'avaient même pas le droit aux documents écrits, la transmission de la langue aux générations suivantes, quasi strictement orale donc, a donné lieu à plus de variantes dans les mots. C'est un vocabulaire très riche, plus que le joual qui a une tendance à la simplification et à donner plusieurs sens à un même mot, à l'inverse de la tendance du français à avoir plusieurs mots pour dire la même chose.
Pour comprendre un peu l'histoire acadienne, je recommande le roman d'Antonine Maillet "Pélagie-la-charrette", prix Goncourt 1979.
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Si l'Histoire n'a pas toujours été tendre pour les Québécois, elle a été encore plus dure pour les Acadiens.
Derni?re modification le 21-07-2011 ? 03:28:10