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Ils n'ont pas vu ton vol
tout se passait dans le puits
leurs yeux se situaient trop haut dans leurs corps
alors il t'a fallu remourir
pour qu'ils perçoivent enfin quelque chose
je sais de quoi je parle
oiseau comme toi deux fois démembré
deux fois abattu
deux fois amagalmé à cette ombre qu'ils croyaient sans soleil
comme toi j'ai grandi dans leurs pouponnières industrielles
j'ai poussé dans qu'ils nomment leur liberté
sous l'étoile de Damoclès
de leur soif
ils ne verront jamais que le verre à moitié mort
comme toi j'ai grandi plus qu'eux et je suis moins qu'eux
oiseau de mer
s'il te plaît ride les vagues
oiseau du puits
dans l'ombre du cylindre
fais nous le soleil
toi la scène
toi l'estrade que tu t'imposes malgré toi
toi le son
j'écoute tes ailes qui se déploient
-où que l'on se cache
on ne peut que les entendre-
toi le son
toi l'extase de surgir après être deux fois mort
oiseau de mer
tu as encore beaucoup de travail
mais tes ailes entourent enfin la margelle
tu prends pied
et j'ai peur
si peur pour tes pattes si fines
oiseau de mer
comme nous
arrivé à la surface tu brûles
toi la douce lumière du Ponant
toi le séjour tendre des morts deux fois morts
toi le moment où l'œuf se brise
par un simple souffle de duvet
oiseau de mer
je ne me fais pas d'illusions sur ma propre survie
à chaque seconde j'ai peur pour mon esprit vacillant
pour mon cœur à peine nommé
et pour mon corps qui s'effrite à chaque pas un peu plus
je sais que je vais mourir d'un instant à l'autre
mais toi mon rêve
dont je suis le rêve
toi tu vivras
toi qui a appris à voler sous la terre
toi le ciel profond en mottes bleues bien lourdes
toi le dessous des pieds de l'enfant deux fois née
toi l'ange qui ride les vagues
quand tu planes au-dessus de la mer d'Iroise
toi le cœur qui n'est pas cercle mais sphère
toi l'amour nu qui redresse la branche trop vêtue
tordue
malade
noirâtre de lumière contenue
toi qui pousses vert clair jusque dans la gangrène
je connais les miens
dans leurs yeux coupés en deux
il n'est de vol possible qu'au dessus
c'est pourquoi à l'instant où tu émerges
malgré leurs appareils et leurs réseaux de prothèses froides
il n'y aura personne pour te filmer et te poster
au moment où ils l'auraient jugé bon
oiseau de mer
mort deux fois
tu voles au-dessus des cendres des nôtres
de ce qui fut un pays gorgé de mille chants
et tu chies des soleils expressifs
droit dans l'axe du puits
car tu sais
que ces visages en feu
féconderont les œufs gelés de tes semblables
puits sur puits
malgré les nuits sans suite
tu sais que l'ordre des choses
est de renaître
08-12
Dernière modification le vendredi 15 Juillet 2016 à 10:59:55
Remercie pour la lumière du jour
pour ta vie et ta force
-Tecumseh, chef Shawnee
*
Avatar : Déesse Epona, bois de chêne, alliage cuivreux, tôle d'argent et pâte de verre, Ier-IIème siècle, Saint Valérien, Bourgogne (actuelle Yonne)
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