Sésames des soleils, 6- Au beau milieu de la nuit du contre-printemps

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La manche de ton manteau se couvre de blanc.
La manche de mon manteau se couvre de blanc.
Elles forment des liens entre nous comme des ponts enneigés

-Tarje Vesaas, Palais de glace



La chanson de Solveig (Ibsen/Grieg), au chant Sissel Kyrkjebø, 1991 :







 Sésames des soleils, 6
 Au beau milieu de la nuit du contre-printemps



Tu crois que parmi nos enfants
pourrait se glisser aussi un petit loup ? *

comme je n'ai pas répondu
Luludja me repose la question
mais sur un ton tout autre
comme si cela avait soudain très peu d'importance

et vers l'ouest
l'usine des restes humains
le vaste chaudron posé là où finit la terre
n'en finit pas de se verser vers nous
j'ai beau tendre mes mains pour le repousser
depuis l'autre côté la mer le pousse encore plus fort dans notre direction

le vent à tourné
je vois le vol des cendres mêlées de neige
je vois le vol des cendres des nôtres
virer sur son aile

je veux bien l'aimer
mais de là à la comprendre
je ne sais pas quoi te répondre
je ne sais pas Luludja
quel loup ?
quels enfants ?
dans quelle boîte trouvée sous la neige ?

dans quel feu déterré ?
maintenant
partout c'est le nord
il y a du givre même autour du soleil

elle hausse les épaules
presque gaiement
un flocon fond sur son cou
et j'ai envie de le rejoindre
et de descendre avec lui le long d'elle
où qu'il aille

son profil se fait soudain grave
par toute sa peau elle boit silencieusement ce qui tombe
eau neige ou cendre
en sachant que chaque seconde passée dehors avec moi
raccourcira sa vie

alors
je réalise que ce n'était pas elle qui me soutenait
mais moi qui voulais la faire sourire
du givre autour du soleil
ce doit être joli
et c'est tout ce que j'ai trouvé

la guerre a été surprenante
elle est venue du sol
Luludja l'a vue avant moi
elle a eu mal plus longtemps
et pourtant
seule de nous au visage intact
c'est elle qui nous fait danser en cercle

et personne ne songe jamais à la consoler

regarde
me dit-elle enfin
le parking est beau comme une forêt qu'on vient de raser
et jamais encore
nous n'étions restés tous les deux aussi tard dans la nuit
et tu ne l'as même pas remarqué
regarde
nous avons passé son milieu
maintenant
pour la première fois nous allons vers le jour
ensemble

regarde
pour l'occasion je porte des couleurs très vives
et toi
toi
tu pleures à contretemps ?

écoute
tu es le premier à le savoir
ce matin j'ai appris qu'à Gortyne
les platanes sont toujours verts
bientôt le soleil va se lever
et en même temps
un petit loup
un petit loup je te dis
un petit loup va refleurir
quelque part sur ce continent


L'envers du nuage, c'est un nuage<= Les œufs qui nous couvent <=*vous êtes ici*=> Neuvième visage de la fleur de pissenlit :


Dernière modification le mardi 16 Janvier 2024 à 23:43:16
Remercie pour la lumière du jour
pour ta vie et ta force
-Tecumseh, chef Shawnee


*
Avatar : Déesse Epona, bois de chêne, alliage cuivreux, tôle d'argent et pâte de verre, Ier-IIème siècle, Saint Valérien, Bourgogne (actuelle Yonne)
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