Octobre en Outrepierre
Mahatma Bandit


en Outrepierre à la mi-octobre
se tient la contre cérémonie
résonnent les chants que l'on aspire

en Outrepierre au soleil mourant
nous vous il monte à la tête
comme un parfum d'exhumation
l'épée au flanc la pelle bien en main
on avertit les morts
qu'ils vont renaître de gré ou de force

le long de la gouttière
des poissons descendent et apportent
l'or fondu des lampes
le candélabre d'hiver
pour éclairer une dernière fois la putain
l'humanité qui festoie et graisse la lumière
ombres gorgées de foutre enroulé dans les bourses
ombres coude à coude on grossit les exploits
le nombre des ennemis augmente
on trinque on raye verres et assiettes
on signe du doigt dans l'air
un nom qu'on ne mérite pas de porter

on s'extasie devant le dernier soleil
reviendra-t-il reviendras-tu reviendrai-je
y aura-t-il un autre printemps ?

je tu ils progressent sous la terre
les chevaliers sont venus pour eux
pour les assommer avec les pelles
les contraindre à la conscience
et les convertir au monde
de gré ou de force ils respireront

les morts préparent leur défense
à moi la lame d'odeurs
dans son fourreau de tourbe
à vous cette vie nous vous la laissons
à vous ces corps aux parois si fines
qu'elles semblent toujours sur le point de se briser
à moi tout le reste
à moi le bohneur de nager jusqu'au coeur des montagnes

alors les hommes vaincus retournent boire et manger
et les femmes d'Outrepierre se lèvent
dans un froissement de toiles et de soies
elles poussent des soupirs d'amour
plus terrifiants qu'une cannonade

pour aimanter les morts
les sexes des vivantes
décrivent des cercles au-dessus d'eux
venez
revenez
remontez vers nous
surgissez
s'ouvrent les vulves
se déploient les spirales
se déroulent les ponts pour traverser

déjà la tranquilité se boursoufle
déjà la terre se soulève

ô jardin de sous la vie
tu ploies sous les lèvres
nous vous elles se penchent pour laper ta pureté
et les mains des morts sont déjà visibles au dessus du sol
elles font des mouvements de marionnettes
et les femmes consentent à faire semblant
de se laisser animer

alors le jardin parle d'une voix sourde
-car les bouches sont encore en terre-
alors le jardin s'anime et parle
femme pourquoi me fais-tu remonter
fleur je suis et fleur je souffre
j'ai mal de ton trop doux contact









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La dernière strophe condense à elle seule la beauté, le souffle, la violence, le déchirement du reste du poème....
On ne le lis pas sans frémir.

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Voilà, Florence a tout dit! Qu'ajouter? C'est impressionnant, émouvant aussi, c'est la vie rendue aux morts. D'ailleurs, les morts vivent toujours en nous, n'est-ce pas?
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