Jeu express: la lune 40 ans après

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Créez un texte, forme, style, genre que vous souhaitez, parlez-y de la lune quarante ans après.

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Ronde de la lune ronde

Un soir de lune ronde o? la table ?tait mise sur la pelouse claire tout pr?s de la remise, ? l'abri des insectes, sous l'auvent des tonnelles, nous avons lach? prise.

Tu as pos? le pain ? cot? des carafes, la limpide o? l'eau brille, et la claire de vin, celle que nous irons remplir au tonnelet, dans la fra?cheur constante en-dedans la maison.

C'?tait un soir de lune enti?re, ?poustouflant ; un soir frais comme un oeuf apr?s l'ombre du jour, sorti tout droit de la torpeur des heures chaudes. Un soir clair et tranquille, un soir fait pour s'aimer, pour ne penser ? rien, pour ne penser qu'? l'autre ; un soir plein de baisers, de rires et de mains tendres. Un soir tout en amour, en l?vres et corps heureux. Nous sortions de l'enfance.

Et le ciel tout l?-haut si loin et sans nuages. Toute une nuit ? nous, et la mer pas tr?s loin.

Un soir de lune ronde, il y a quarante ans.

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Lise Genz

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Ce texte est inspir? par le po?me de Christiane. merci, Chris !



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Derni?re modification le 21-07-2009 ? 16:23:39
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Deuxième texte sur la lune 40 ans + tard.

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Les questions de Gaspard

On ne voyait rien, même en levant la tête très haut, le plus haut possible au bout du cou tendu. Même en faisant oeil de chat mi-clos entre les paupières en fentes étroites et la pupille vrillée vers un ciel étonnamment silencieux.

Nous sommes tous rentrés dans la maison, la télé bourdonnait, on écoutait en silence.

On est ressortis, impatients, fébriles. Ce n'était pas dedans que la chose se passait ; ce n'était pas non plus dehors. C'était là-haut, sur le disque blond accroché en plein ciel. Accrochée à rien, cette boule lumineuse flottait dans une nuit sans nuages. Une belle nuit d'été. On regardait les ombres, les taches sur la lune. Ils étaient là-haut, des hommes, des humains. Ils avaient réussi quelque chose d'insensé, d'incroyable : on avait tous du mal à y croire.

Le vieux voisin qui n'avait pas la télé, et qui était venu chez nous voir la retransmission avec sa femme, a demandé à mon père à quoi tout ceci allait servir. Puis avec son bon gros sens d'homme qui a toujours compté : " Et combien ça va coùter, tout ça ? " J'entends encore le ton courroucé de sa femme, mortifiée, le réprimendant. Il a baissé le nez, mal à l'aise, pas convaincu. Il a dit, plus bas " Ils ont tant d'argent que ça, en Amérique ? Pour le gaspiller ? "

Il est mort depuis longtemps, le vieux Gaspard. Sa femme aussi. Ils n'ont jamais compris ce désir d'aller plus loin, toujours plus loin, encore plus loin. Quelques années plus tard, lorsque je suis allée leur annoncer que je partais m'installer aux Etats-Unis, il a eu le même regard éperdu : " Mais pourquoi ? tu n'es pas bien, ici ? C'est pas joli, ici, peut-être ? " Je l'entendais se demander si je n'allais pas m'envoler sur le lune, moi aussi, à mon tour.
- Tu reviendras ?
- Oui
- Il ne faut pas laisser tes parents dans la peine.
- Je sais
Il retournait sans le savoir le fer dans la plaie. J'ai dit :
- Et puis, ils viendront me voir, dès que je serai installée. Je ne pars pas sur la lune !
Il m'a regardé, l'air triste. Il a dit :
- Moi, le plus loin que je suis allé, c'est Verdun. C'est toujours la France, mais je ne le souhaite à personne. Alors, tu comprends, la lune, l'Amérique, tout ça ...

Il m'a raccompagnée jusqu'à la porte, en pivotant sur son unique jambe valide. L'autre, elle était restée dans les tranchées, j'avais entendu l'histoire maintes fois. Il était né en 1890, il avait vingt quatre ans en 14, il a été blessé au Chemin des Dames, heureux de s'en tirer à si bon compte. Mutilé à vie. Pas le seul, mais ça te redonne pas ta jambe, d'y penser. Son fils est mort en 42 attaché à un chêne, il faisait de la Résistance, les ennemis n'aimaient pas cela. Son petit-fils est mort en Algérie.

Alors, la conquète de la lune par les américains, c'était pour lui une équation à plusieurs inconnus. J'ai compris sa question, la conquète de la lune, les cosmonautes, ces découvertes, pourquoi ?

Depuis, lorsque je vois les photos de ce moment-là, j'entends le pilon de Gaspard s'loigner dans l'allée du jardin, sur ses quelques mètres carrés de terre qui lui appartenaient et où il terminait sa vie. Sans jamais être allé plus loin que Verdun, France.

CC

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C'est très beau Lise, ou émouvant, suivant les textes! Je vais relire encore!
Je me souviens aussi de ce soir où nous regardions la télévision chez mes futurs beaux-parents...

Je vais envoyer mon texte, mais là, c'est très gênant, c'est un conte, finalement, pour enfants...

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La lune voyait de tr?s loin les humains se congratuler et f?ter cet ?v?nement qui date de quarante ans, disait-on?Elle ne se souvenait de rien, ou presque. Elle perdait la m?moire. D?ailleurs, certaines nuits, elle oubliait de se montrer. Elle dormait, simplement, avec ses petits lunetons et arri?res-petits-lunetons r?vant ? c?t? d?elle .

Oui, bien s?r, cette marque de semelle imprim?e sur elle, lui rappelait vaguement un objet volant, n?en serait-il pas sorti deux hommes habill?s bizarrement ? Ils faisaient des bonds l?gers et elle pensait qu?ils allaient s?envoler. Mais cet appareil alors ? Voulait-il la remorquer et l?amener l? o? ils habitent ? Elle ?tait trop grosse pour cela, puis elle se plaisait bien ici.

Mais lorsque les lunetons d?couvrirent ces festivit?s, ils ne l?entendirent pas de cette oreille ! ? Pourquoi n?irions nous pas sur la terre, ils sont bien venus ici, et nous voulons voir les fleuves, les fleurs, les pr?sidents, les escargots, porter des lunettes, ramener un peu de terre de chaque continent? ?

La lune y ?tait absolument oppos?e ! Voir partir ses lunetons, petits-lunetons et arri?res petits-lunetons pour cette terre ?trang?re lui rebutait absolument. Oui, sur les photos, elle avait cru reconna?tre celui qu?ils appelaient Armstrong?
Mais bon, s?il vivait encore, cela ne voulait rien dire ? propos du danger que courraient ses rejetons ? se lancer dans l?espace. Et puis, ils ?taient trop nombreux !

Ils d?cid?rent, ? l?insu de leur m?re, de d?signer les partants pour la terre en les tirant au sort, non pas aux d?s, mais aux pierres de lune.
Les cinq vainqueurs se r?unirent un soir o? passait l??toile filante qui les emmena sur ce continent. Bien accroch?s, ils descendirent au plus pr?s de la terre, puis ouvrirent leurs parachutes de fil de lune et aboutirent au milieu d?un champ de coquelicots.

La nuit ?tait noire, la lune s??tait aper?ue de leur absence et s??tait voil? la face, honteuse de n?avoir pu surveiller ses enfants ! C?est vrai qu?elle ?tait seule dans cette t?che, les p?res absents, voire inconnus (on avait parl? de collision d?astres, les astronautes ?taient ?videmment hors de cause, ils avaient bien d?autres choses ? faire, science oblige !)

Les lunetons disposaient d?un mat?riel lunaire r?duit, sur terre ils ressemblaient ? des lucioles, et cela ne les menait pas loin.

Ils durent attendre le matin, dissimul?s sous un tilleul, pour se diriger?

Lorsqu?ils arriv?rent dans le pays ?toil?, l? d?o? ?taient partis les aventuriers de l?espace, en 1969, ils d?couvrirent les pop-corns, les hot-dogs, mais aussi les canyons, les chutes du Niagara, les armes ?taient ? la port?e de tous, et un nouveau pr?sident ?tait au pouvoir. Les lunetons auraient voulu rencontrer Armstrong mais il ne sortait gu?re de son ranch, disait-on?

Apr?s un mois de d?couvertes et de p?r?grinations, ils d?cid?rent de rentrer, bien s?r, le monde ne se r?sumait pas ? l?Am?rique, ils reviendraient dans un autre continent, plus tard. Ils avaient le mal de lune, et voulaient retrouver leur famille.

Une nuit de grand vent, ils se lanc?rent dans une voie temp?tueuse, tournoyant dans l?espace, guid?s par les indications de leur astrologue, et aboutirent sur la lune, qui ouvrit tr?s grands ses bras et ?claira le monde.



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Derni?re modification le 21-07-2009 ? 18:17:37

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Mais oh les lunetons, les petits-lunetons et les arrière-petits-lunetons, Christiane, c'est super ! c'est un très beau conte : tu l'as écrit juste maintenant ou bien il est dans tes tablettes depuis .. hum.. 40 ans ? ( non, je ne crois pas, c'est tout frais et c'est excellent : bravo,

alors, Mahamat, Jean-Christophe, Florence, Isabelle..? où en êtes-vous ? Toujours dans le lune, ces jeunes ( :c0: ) heureusement qu'il y a nous les aînées, hein !!

J'ai invité une très belle plume à venir se joindre à nous, mais bon, on verra.. Si c'est oui, grand texte assuré. Si c'est non, je pleure.

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Relisant ton conte, je vois que tu peux lui donner une suite et faire voyager tes lunetons sur les cinq continents ! Tu pourrais même en faire une sorte de livre de géo pour enfants.
CC

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Merci Lise! Non il est tout frais ce conte, écrit entre deux chemises à repasser, une course à faire, un coup de téléphone etc...La vie terrestre quoi!
J'aime beaucoup ton témoignage avec Gaspard! C'est très vrai, très sensible, et c'est une part de ta vie, et de la sienne!

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OUi, c'est vrai, et en le relisant je pense que j'aurais d? l'?crire plus sobre, mais ce que j'ai ?crit l? s'est r?ellement pass? ce jour l?, ily a 40 ans. Je me souviens aussi que mon p?re nous disait plus tard qu'il s'?tait senti tr?s embarrass? pour r?pondre ? Gaspard, comment r?pondre ? ces questions l? ? m?me encore aujourd'hui, je n'ai pas la r?ponse.

Une autre chose triste : je suis la seule survivante de ce moment-l?.

Derni?re modification le 21-07-2009 ? 18:47:29
CC

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Y't'il des "petits" qui n'ont pas vécu ceci il y a 40 ans ?

( vouiii, j'en vois quelques-uns poindre ... la maitresse de céant, entre autres, hein ?? )
CC

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Hep! Flo, où es-tu?

chère cricri, je te lis, voila où je suis, et je lis lise et je vais écrire dès que je suis sortie du souper, puis de la repinturlure du meuble de salle de bains et demain j'attaque le plafond. Mais je suis sure que je vais vous pondre un "petit " texte. une nouvelle, ca me semble trop prétentieux, vu mes obligation d'aujourd'hui.

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ah! C'est chouette! Bon courage pour la peinture, mais après tu seras heureuse du résultat!

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Flo, tu me donnes des envies de peinture - mais j'ai juré promis que je ne parlerai pas de travaux dans la maison jusqu'au printemps prochain. Nous sommes encore saturés de tout ce que nous avons fait en 2008 ! Bonne peinture ( quelle couleur ?)
CC

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J'ai mis deux photos de la lune sur ma galerie photos.

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Je t'en emprunte une !
CC

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Prends, seulement!

le plafond sera blanc, péniblement.
Le giproc ( ca s'écrit comment ce truc là) boit toute ma peinture primaire, et c'est très lent.

Sinon, les murs seront sans doute "corde", une sorte de gris brun. On verra cela vendredi.


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Chris, j'ai pris ( wouha ) ta photo quart de lune sur fond noir.
Flo, ma cuisine est grise très clair et les vieilles boiseries sont blanc vif, les elements tres vieux, je les ai tous repeints en gris un peu plus soutenu que les murs. carrelage en pierre de new York, grise clair veiné blanc Et partout, du rouge très vif : casseroles, rideaux, louches, torchons etc... Et bien, finalement, sans trop de frais, je suis contente du résultat

Tiens, je vais mettre des photos sur AJD'Hui
___

mais hou là, on diverge grave ! pardon !!!
CC

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ca y est ! ma participation.

maintenant, je vais peindre la seconde couche du plafond...

**************


- Maman, c?est vrai dis, c?est vrai qu?y a des hommes sur la lune ?

Je suis allong?e ? m?me la plage, sans serviette pour me prot?ger. Fanette pose son seau de sable entre mes jambes. Je crois qu?elle a ?lu ces fortifications naturelles comme site pour son nouveau ch?teau.
- Hmm ? Non choupinette, personne ne vit sur la lune, il n?y a pas d?air, tu sais.

Fanette redresse la t?te et dans un bel encha?nement, rehausse son sourcil droit. On ne peut mine plus sceptique.
- Ce n?est pas ce qu?ils ont dit, maman, ? la musique du marchand de glace !

La casemate du glacier surplombe la digue. Avec son toit de planches, une verte anis, une rose p?le, il attire r?guli?rement les pas de ma cadette. Quel que soit le temps, elle obtient toujours qu?on lui offre au moins un cornet sur la journ?e. Elle est curieuse des go?ts, aujourd?hui c??tait mangue ?cassis. Pas de doute, car sous son sourcil relev?, il y a une bouche deux couleurs, orange pour la commissure de gauche, mauve pour celle de droite.
- Ha bon ? Tu es s?re que tu as bien entendu ?
- Ben oui, y zon dit qu?y a des hommes qui ont march? sur la lune, avec un polo 11 ! Tu le sais m?me pas ?!

Fanette est courrouc?e, mon ignorance la peine, elle incline sa t?te sur le c?t? gauche - le mien - et elle pose sa petite pelle pour pouvoir planter ses mains aux hanches et ainsi mieux appuyer sa d?sapprobation. Je sens que je risque de perdre mon cr?dit de m?re, j?y tiens, alors je me concentre un peu?
- Apollo 11 !!! Mais mon c?ur de perle, il y a bien longtemps qu?ils sont revenus ! 40 ans ! Mais depuis lors, non il n?y a plus d?homme sur la lune.
- Ah tu vois !!! Tu vois !! Ils y sont all?s alors ! Donc ils savaient respirer, donc il peut y en avoir d?autres ! Peut-?tre m?me qu?il y en a un qui est rest? ! Ou deux, avec des animaux, comme dans l?arche de No?, et que maintenant ils sont trente cent mille.
Fanette fige son expression outr?e. Deux secondes. Puis rajoute :
- ? au moins !

Je me retiens de rire. Si je c?de, elle va mal le prendre et alors adieu, ch?teau, plage, sable et soleil couchant. Il faudra consoler, prendre dans les bras, puis au dodo direct. Je prends la tangente :
- Chouchou, je t?explique : Apollon 11, c??tait leur navette spatiale. Il n?y a que deux astronautes qui sont descendus sur la lune, ils ont march?s deux heures, puis ils sont revenus.

Deux heures, c?est encore une longueur de temps tr?s floue pour Fanette, mais elle a quelques r?f?rences. Pour la premi?re fois depuis le d?but de la conversation, elle perd le dessus :
- Deux heures ? Comme d?ici jusqu?? la maison en passant par l?autoroute ?

Elle semble d??ue. Mais tout de suite, elle reprend espoir :
- Peut-?tre qu?ils ont laiss? un b?b?, ou deux? On peut pas savoir. Moi, je crois que oui.

Elle tend tout son visage vers le ciel qui se m?lange de mauve au fur et ? mesure que le soleil se dilue dans les nuages de mer. Tr?s bas, une lune minuscule ?met quelques reliefs gris perle.
- Je t?assure Fanette, ils n?ont pas eu le temps de faire des b?b?s, puis m?me, il n?y avait que des hommes alors ils n?auraient pas pu.

S'installe une autre pause tr?s concentr?e durant laquelle elle tape sur son p?t? de sable pour en aplanir la tour. Je regrette d?avoir donn? des d?tails, ca risque de d?river vers une conversation bien plus compliqu?e que celle d?hypoth?tiques hommes vivant sur la lune. Je la vois dig?rer l?information : deux hommes ensemble ?a ne peut pas faire de b?b?. Bon ? savoir?
- Mais des singes ? Ou des ?l?phants ?

L?, elle m?a eu par surprise, je ne m?attendais pas ? une telle r?plique. Sans r?fl?chir je r?ponds :
- Mais heu, non deux hommes ne peuvent pas donner naissance ? un singe?

J?entends bien : elle a ?clat? de rire ! Pour peu, cette fois c?est moi qui me vexerais.

- Maman, t?es trop dr?le ! Je le sais bien qu?ils ont pas des singes dans leur ventre ! T?es b?te ou quoi !!! Mais dans leur navet sp?cial, peut-?tre que oui ?
Cette fois, je coupe court, doctement. La lune et Apollo 11 m?ritent bien un hommage sans y m?ler No?. Je m?assieds sur mon s?ant, faisant sensiblement bouger la citadelle en cours de construction :
- Fanette, je te l?ai dit, il n?y a pas d?air l? haut. Ils ont pu marcher sur la lune durant deux heures, avec des combinaisons et de l?oxyg?ne un peu comme les plongeurs. Ils ont ramass? quelques cailloux, plant? un drapeau am?ricain, puis ils sont revenus sur terre.
- Ben, ben, ben?
Fanette passe de la position accroupie ? un in?l?gant cul par terre, jambes ?cart?es. Visiblement, l? voila qui dig?re cette avalanche d?informations nouvelles.
- Et pourquoi alors, oui, pourquoi ils ont pas mis un drapeau de la terre ? Pourquoi un drapeau am?ricain ? Et pourquoi, pourquoi, pourquoi?


Je respire, inutile de la brusquer, quand elle a trop d?id?es ?a fait embouteillage entre ses l?vres. Soyons patiente.
- Et pourquoi ils y sont par retourn?s ?
- C??taient des astronautes am?ricains, et c?est leur pays qui a pay? tout le voyage, ca a pris trois jours pour aller et autant pour revenir et c??tait si cher, si cher, - comme plein de maisons, de voitures, de vacances et tout et tout- qu?ils n?y sont pas souvent retourn?s, trois ou quatre fois. Mais toujours pour quelques heures. Voila. Et jamais, jamais, ils n?ont amen?s de chien, de chat, de dinosaures, de girafes, d??l?phants. Et encore moins de b?b?s.
La sentence est tomb?e. Le vent du soir et tout l?air autour conspirent pour rendre le silence qui suit presque solennel. J?ai un peu mal ? ma brusquerie. Le go?t ?cre du regret remonte dans l?arri?re-bouche. Je viens de lui casser tout enchantement. Avec son histoire de No? sur la lune, elle ne m?a pas donn? l?occasion de lui parler de la merveille que c??tait, que ?a reste, 40 ans apr?s, d?envoyer des hommes pour qu?ils marchent, deux heures enti?res, pour qu?ils dansent sur la lune. Ou c?est moi, comme d?habitude, qui n?ai pas su faire r?sonner mes r?ves en ?cho des siens. Fanette se tait avec application. Elle dessine encore quelques cr?neaux. Imagine un foss? autour de sa construction de sable. Je suis assise maintenant, je fixe l?horizon qui se pastellise, l?, juste derri?re ses m?ches folles que la mer encadre.

- Regarde, Fanette, le soleil se noie dans la mer ! C?est magnifique, allez regarde, on avait dit qu?on viendrait voir le coucher de soleil toutes les deux. On fait un c?lin ?

Elle se retourne lentement, sa moue boudeuse se d?tache sur le ciel en feux.
- Maman, le soleil, il ne se couche pas, c?est une ?toile qui est tr?s loin et c?est la terre qui tourne puis on ne le voit plus. Alors, il peut pas se noyer dans la mer. Papa me l?a dit?

Je n?ai plus envie de rire du tout. J?ai m?me une grande tristesse qui s?abat sur moi, l?. Et l?air doit vibrer d?une dr?le de mani?re, parce que Fanette se retourne d?un coup, et sautant au-dessus de son ch?teau, elle vient se caler dans mes bras. Puis elle s?installe pour assister au fondu des derniers rayons roses.

- c?est joli, hein maman ?
Elle murmure. Puis se collant ? moi un peu plus elle me dit :
- J?ai un secret, mais promis tu le dis ? personne ?

Je l?embrasse pr?te ? lui promettre tout ce qu?elle veut, m?me que la lune est carr?e, m?me, si elle veut.
- C?est un gar?on qui me l?a donn? tout ? l?heure, tu veux voir ?
Elle a fourr? son bras dans son sac de plage et d?une contorsion, elle revient se loger contre ma poitrine. Elle brandit une petite longue vue en carton, recouverte d?un papier brillant. Bleu nuit.
- Il avait les cheveux verts !!!
Je ne dis rien, je fais l??tonn?e, je lui dois bien cela? Finalement, c?est elle encore qui me sauve de ma m?diocrit??
Elle a plaqu? son ?il sur le petit c?t? puis point? le jouet vers la lune, qui ?merge de l?obscurit?. Elle sourit largement?
- Tu avais raison : il n?y a personne l?-dessus? on ne voit que le drapeau. Tout seul, et quelques traces de pas dans la poussi?re grise.
Ne pas briser le charme. Je turbine ? cent ? l?heure : comment sait-elle pour la poussi?re ?
- Dis-moi comment il est le drapeau ma puce, hmm ?

Elle ne d?colle pas son ?il, elle fronce les sourcils?
- Heu, rouge, avec des lignes blanches et bleu et avec des ?toiles dessus?. Il ne bouge pas? c?est parce qu?il n?y a pas d?air ? c?est ?a, maman ?

Je dis oui. Mais dans me t?te, je me crie que non, c?est elle qui a raison. Si elle peut voir un drapeau sur une lune, avec une longue-vue d?enfant, peut-?tre que des b?b?s naissent l?-bas avec des scaphandres int?gr?s?

- Tu veux voir ? regarde !

Je ne vois rien, ?videmment, qu?une lune ? peine agrandie. Je dis juste :
- C?est vrai qu?elle est belle.
- Alors tu l?as vu ? Le drapeau ? Tu l?as vu ?
- Pardon ma puce, c?est tellement grand tout cela, non, je ne le vois pas?
- C?est pas grave.
Elle a r?pondu tendrement. Elle ne m?en veut plus.
- C?est juste que tu as un r?ve dans l??il. On r?essayera demain?.

Nous voila sur la digue, dans l?obscurit? presque totale, sinon quelques p?les ?clairages qui scintillent. L?appartement est ? deux pas. Avant de franchir la porte, Fanette l?ve vers moi ses yeux pleins de sommeil et ajoute :

- Dis maman, comment on peut avoir les cheveux verts, tu sais ?a, toi ? Toi qui sais tout, tu sais ?




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Mahatma Bandit

Yv'Narii*-sur-Garonne

"Here am I floating round my tin can
Far above the moon
Planet earth is blue
And theres nothing I can do
."
(David Bowie, Space Oddity)


- Mais qu'est-ce que tu veux qu'on fasse de tout ça ? Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse du monde entier ?
Jérémy détourna ses yeux de la lune, sans attendre de réponse. Il aurait juré que depuis la grippe lunaire, elle avait changé, qu'elle s'était parée de couleurs, qu'elle clignotait. Cassilune pensait la même chose, mais ça ne prouvait rien. Elle avait toujours d'étranges idées. Il se demandait même si elle voyait la différence entre avant et après la grippe L.
Cassilune murmura depuis le buisson derrière lequel elle était accroupie :
- On n'a qu'à le prendre par petits bouts, le monde. Ce sera moins impressionnant.
- Ouais.
Jérémy ne perdait jamais patience avec Cassilune. Il l'avait adoptée tout de suite et ne l'avait jamais lâchée ni déçue par la suite. Il lui expliquait tout ce qu'il savait, c'est à dire pas grand-chose, et pour le reste, il inventait pour ne pas la laisser dans le vide. Cassilune en était consciente, mais buvait ses paroles pour d'autres raisons.

- Dis à ce truc d'arrêter de me suivre !
Une des rares choses qui rendait Jérémy nerveux, c'était le poudroiement nacré, translucide, qui les suivait sans cesse depuis quelques jours, à chaque fois que le vent se levait.
- Ça n'est pas comme un chien, Mimy. Ça ne comprend pas les ordres.
Le tourbillon lunaire ne gênait pas Cassilune. Elle aimait ses arabesques, il lui était étrangement familier. Parfois, il y avait comme un saut ou une permutation, et elle devenait le tourbillon, s'étonnnant des attaches fines de Cassilune, de ses yeux gris-bleu, de sa façon d'arriver à être légère sur une planète si lourde.

Jérémy fit semblant de crocheter la porte avec aisance. C'était surtout pour faire sourire Cassilune avec le petit cliquetis de la serrure, comme dans un film de gangsters, pour la ramener sur terre. En réalité, toutes les portes de toutes les maisons étaient ouvertes, vers la fin de la grippe lunaire, les gens avaient cessé de les fermer, de peur d'être trop faibles ou trop modifiés pour arriver à tourner la clé.
De toute façon, ce n'était pas le genre de choses qui faisait sourire Cassilune. Pas assez étrange. À treize ans, c'était normal qu'elle ne soit pas tout à fait rêglée sur le même canal que Jérémy, mais il y avait autre chose d'indéfinissable, une autre différence. Elle ne s'appelait même pas Cassilune, elle le lui avait avoué, mais Sarah Ferrière, sauf qu'elle disait que Sarah était morte et qu'elle ne voulait plus entendre parler de ce nom . Alors, il avait continué de l'appeler comme ça. Il supposait que c'était son pseudo de msn ou de jeu de rôle. Elle, elle disait que c'était son nom intermédiaire.
Mais son étrangeté ne tenait pas à ça non plus.
- Il va falloir qu'on quitte Toulouse et qu'on aille à la rencontre des autres. Tu te sens prête ?
- Toulouse ?
Cassilune essaya ce son et l'apprécia. Elle le goûta comme un grand cru, une friandise de cérémonie.
Jérémy ironisa.
- Oui, Toulouse, notre ville, tu connais ?
Cassilune fut saisie d'une envie plus que violente, plus que primitive, de cracher ce nom qu'elle aimait une seconde auparavant, de le tordre de le réduire à néant par d'horribles accents qui le désarticuleraient peu à peu, de le rendre le plus étranger à elle possible.
Ici, ce n'était pas Toulouse. C'était Yv'Narii*-sur-Garonne. Oui, Yv'Narii* avec sa rivière frangée, ses vapeurs d'Ellambe qu'il ne fallait pas respirer plus d'un instant, ses oiseaux qui tenaient un marché célèbre jusque sur la face cachée, où on pouvait se faire greffer des chants pour presque rien.
Le tourbillon lâcha l'esprit de Cassilune.
- Ça va ? Tu n'as pas attrappé la grippe lunaire au moins ?
- Non. J'ai l'immunité. Comme toi. Sinon, je serais déjà lavée.
- Lavée ?
- Je veux dire, légère. Non, morte. Oui, ici, on dit "morte".
Et elle ouvrit ses ailes d'argent.

Elle était habillée dans un superbe ensemble Dolce Gabbana qu'elle avait piqué rue des Tourneurs, avec une veste argentée par-dessus, le genre qu'on voit à la télé ou dans les défiliés de mode. Jérémy, seul autre survivant, avait piqué un fou-rire en la découvrant.
À part, celui des transistors à piles, c'était le premier son humain que Cassilune entendait depuis trois semaines, alors elle ne lui en avait pas voulu.
À part les voix d'Armstrong et Aldrin quarante ans auparavant, c'était le premier son humain que Nayii'Mim* entendait depuis treize millions d'années terrestres, alors elle ne lui en avait pas voulu.
Depuis, ils étaient restés inséparables.

Ils n'avaient jamais plus rencontré personne d'autre en ville, ni homme, ni bête. Même les insectes dont les savants avaient toujours rabâché qu'ils seraient les seuls survivants d'une catastrophe s'étaient entassés dans d'immenses tas puants, pyramides noires aussi hautes que des immeubles sur lesquelles la pluie faisait en tombant un bruit affreux, sonnant exactement comme des pas dans une allée de gravier.
Cela leur faisait peur à toutes les deux. À Cassilune parce que le tas était immense et à Nayii'Mim* parce qu'il ne bougeait pas. Comme toutes les anthèses de son rang, elle craignait par-dessus tout l'immobilité.
Mais elle savait que c'était transitoire. La lourdeur était transitoire. L'immobilité était éphémère. Les insectes terriens, eux aussi, seraient lavés et deviendraient entiers.

Le vent se leva et fit rouler, voler, voyager toutes sortes de petits objets légers. Une page imprimée se plaqua contre le visage de Cassilune, l'épousant parfaitement. Elle retira la page d'elle et la parcourut machinalement.
"À vous qui lirez ce texte,
Je m'appelle Christophe Eyguières, j'ai cinquante-quatre ans, je suis d'Avignon. Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'immunité à la grippe L, il paraît qu'elle ne concerne qu'environ une personne sur un million.
Mon patron est mort, mes collègues sont morts, ma famille est morte. Je suis le dernier dans ma ville et je n'ai trouvé personne d'autre. Tous sont morts de la grippe lunaire. Mais peut-être que d'autres coins sont plus épargnés. Alors, j'ai tiré cette feuille à trois mille exemplaires sur les photocopieuses de ma boîte et comme je suis pilote amateur, j'ai emprunté un avion et du carburant dans un aérodrome et j'ai décidé de larguer cent exemplaires de cette feuille sur chacune des trente plus grandes villes françaises. Je vous en prie, qui que vous soyez, si vous lisez cette feuille, rejoignez moi, je me trouve à cette adresse : 32, rue Antigone, à Avignon, deuxième étage droite. J'y suis tous les samedi, dimanche, lundi matin avant 9 h et vendredi soir après 19 h. Ci-joint un plan de la ville et une carte routière avec des indications complètes. Venez. Si une personne sur un million a l'immunité, ça veut dire que soixante-quatre personnes sont encore vivantes en France. Venez. À plusieurs, on sera plus forts pour essayer d'imaginer la suite."
Sans bouger de sa place, Cassilune explosa :
- Mimy ! Un homme est vivant à Avignon. Il demande qu'on vienne. Il y a quelqu'un d'autre !
Elle avait commencé sa phrase comme un hurlement et la finissait comme une supplique presque chuchotée.
Le jeune homme accusa le coup, sentit son sang devenir à la fois glacé et bouillant mais parvint à répondre :
- Dès qu'on a visité cette maison, on y va. Je prends des flingues, on se sait jamais. Je connais une armurerie, dans le centre.
Cassilune prit un air dégoûté. Elle avait toujours détesté les armes à feu.
- C'est vraiment obligé ?
- Oui. On ne les connaît pas les autres survivants. Il y a peut-être des dingues parmi eux. Il faut qu'on puisse se défendre.
- Bon, alors, je veux un arc. Je veux bien tirer à l'arc.
- Malheur, j'ai rencontré le seul autre survivant dans toute la ville et c'est Pocahontas...
- Ça fait loin, Toulouse-Avignon ?
- Pas tant que ça, il suffit de passer Carcassonne, Montpellier, Nîmes et on y est. Tu vas voyager dans cette tenue ?

Cassilune se drapa dans sa veste argentée et son superbe ensemble blanc imprimé de papillons noirs et demanda :
- Qu'est-ce qu'elle a ma tenue ? Je suis une anthèse de cinquième ourme, il faut bien que j'ai une tenue digne de mon rang... pourquoi tu me regardes comme ça, Mimy ?
- J'en ai rencontré des filles bizarres, mais des comme toi, encore jamais.
Nayii'Mim* ne se fâcha pas à proprement parler, mais elle se demanda quand Jérémy pourrait être enfin lavé. Qu'ils puissent enfin se parler vraiment, qu'il puisse l'épouser, le long d'une des franges de la Garonne et la polliniser, pour que ce monde reparte du bon pied. Pas comme l'autre qui était resté stérile, gris, endormi si longtemps. Jusqu'à l'arrivée de ces deux êtres, Armstrong et Aldrin, des voisins tout proches, marchant, plantant un étrange bout de tissu rayé, pendant que des milliards de particules-vies se frayaient un chemin en eux. Ils étaient le nouveau monde, et Nayii'Mim*, comme les autres était repartie avec eux en chantant, admirant la Terre Bleue. Ensuite, il n'y avait plus qu'à attendre quarante années humaines avant la Grande Guérison.

Le vent forcit et s'engouffra partout. Il souleva la veste argentée de Cassilune, exactement comme deux ailes lunaires.
Elle joua, elles jouèrent à imaginer que le vent produisait des sons très étranges et beaux en pénétrant par la serrure, sous la porte, par les insterstices des fenêtres et des tuiles. Elle se firent croire pendant quelques minutes délicieuses que la maison était un orchestre de hautbois qui pleuraient leurs anciennes vies.
Une sorte de voile fin se déchira et Cassilune et Nayii'Mimm* se virent vraiment pour la première fois à cet instant-là. Elles se plurent et s'aimèrent et bien des enfants immatériels furent conçus à ce moment-là. Les sages du Temple d'Ellée disaient toujours "le pollen du coeur est la première vie".
Puis, la lunienne atténua son énergie, car elle savait qu'il ne fallait pas trop fatiguer l'organisme de Cassilune en une seule fois.
Cassilune écouta encore un moment pour elle seule la musique imaginaire, puis s'en détacha, de peur de ne plus jamais revenir. Et surtout, de ne plus jamais vouloir revenir.

Elle chuchota :
- Je peux venir maintenant; Mimy ?
Jérémy protesta.
- Ah non, c'est moi qui dois te donner le signal. Quand ce sera le bon moment.
- Ouais, des fois que les flics nous aient repérés.
Cassilune sortit du jeu des gangsters aussi vite qu'elle y était entrée. Ça avait suffi à l'ancrer. Le jeu était un outil très puissant, un rituel de survie, mais elle le trouvait souvent un peu con sur les bords. Mais elle adorait Jérémy. Après tout, pour seul compagnon terrien, elle aurait pu tomber sur un tueur obsédé sexuel ou pire, sur un prof de maths. D'après les information de Nayii'Mimm, c'était la catégorie d'être que Cassilune craignait le plus au monde.
Au lieu de celà, elle avait trouvé un étudiant en sciences qui était du genre à protéger les filles et à inventer des jeux idiots pour leur rendre la vie plus supportable. Un genre de grand cousin blagueur, avec tout un monde pour terrain de jeux.

Elle eut envie de parler de Siamm-Onn* à Jérémy. Elle essaya de trouver une manière de lui en parler qui serait supportable pour lui.
- Ma meilleure amie s'appelait Cassandre. On était très proches. Je ne suis jamais revenue chez elle, pourtant, c'est à deux rues de chez moi, pas plus. Elle a résisté longtemps à la Grande Guéruson. Je veux dire, à la grippe lunaire.
Jérémy hocha la tête ne lui demanda pas si son amie était morte. Bien sûr qu'elle était morte. Bien sûr qu'elle s'était transformée en cette sorte de lustre ambulant typique de la grippe lunaire, avec ses lamelles, ses copeaux de nacre, sa beauté étrange qui ne rendait jamais ce qu'elle avait pris.
Cassilune ne rajouta rien. C'était la première fois qu'elle parlait de Cassandre, ça suffisait pour aujourd'hui.
Elle jeta un coup d'oeil distrait sur sa gauche. Tout près de Nayii-Mimm* virevoltait Siamm-Onn*. Elle était en avance, elle avait déjà abandonné son nom intermédiaire et elle l'attendait, entière.
Cassilune n'avait rien à rajouter tout simplement parce qu'elle n'avait pas perdu sa meilleure amie. Il était très déstabilisant de ne pas avoir de deuil à faire, de devoir simplement s'habituer à autre chose.
Elle ne pouvait pas la pleurer, puisqu'elles dansaient ensemble en ce moment même, sur une frange de la rivière, au beau milieu d'Yv'Narii*-sur-Garonne.

Son identité lunienne était prête. C'était le moment, elle sentait déjà son nom intermédiaire s'éloigner.
Enfin, elles allaient toutes pouvoir revivre, être pollinisées, refaire des fêtes, couvrir des mondes et des mondes de connaissances et d'échanges. Enfin, l'immense blessure qui avait jadis stérilisé tout leur monde en le transformant en boule grise parsemée de cratères allait être guérie. Et en plus, comble d'humour, ce qui n'était pas pour déplaire à l'humour anthésien d'Yv'Narii, depuis leur nouveau monde, il suffisait de lever la tête pour avoir une vue imprenable sur l'ancien, qui répondait cette-nuit là au doux nom de "pleine lune".
Il ne manquait plus que Jérémy, qui, en cet instant, s'adossait contre un mur, sa main sur son front.
- Cassilune, tu avais raison. La lune a vraiment pris des couleurs.
Nayii'Mim* se tourna vers lui. Sa veste argentée n'était plus tout à fait un vêtement mais semblait faire partie intégrante d'elle.
- Au nom de mon peuple, je ne sais pas comment vous remercier, toi et les tiens. D'avoir gardé nos mondes pendant tout ce temps. D'être revenus. De nous avoir ramenés sur Terre. De nous avoir tous guéris dans vos corps si accueillants. Votre sacrifice n'est pas vain.
- ...
Sans aucune fièvre, en parfaite santé, Jérémy s'effondra sur le sol, les yeux tournés vers la lune, ses iris et pupilles reflétant des mouvements et des couleurs que son cerveau tentait de refuser.
- Mimy, il faut que tu sache que ce que vous appelez la grippe lunaire, nous nous l'appelons la Grande Guérison. Dans quelques secondes, tu vas faire partie de nous. Nous te souhaitons la bienvenue sur notre monde.

Enfin entière, Sarah-Cassilune-Nayii'Mim* tourbillonna et ses palpes émirent :
- C'est un petit pas pour une anthèse, mais un grand pas pour la sélénité.
Il y eut, à ce moment là, dans les rues d'Yv'Narii*-sur-Garonne, une sorte de carillon visuel, avec cette ondulation propre à la pollinisation mais qui, avec un peu d'imagination, ressemblait aussi beaucoup au rire qui secoue un être humain après un trait d'humour particulièrement réussi.

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Pour Florence: C'est très tendre et savoureux! Plein de finesse, je trouve cette histoire très très belle! Et je retrouve les mots des enfants, si justes et si imaginés aussi...

Je n'ai pas encore lu Yv-Narii-sur Garonne.
Mahatma Bandit

Oh, ce n'est qu'un joyeux portnewak écrit par un mec qui a un peu trop lu Ray Bradbury :do!

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Je n'ai pas lu Bradbury, mais vu le film de Truffaut Fahrenheit 451, sur la disparition des livres. En matière de science fiction, le petit garçon aux cheveux verts du texte de Flo a peut-être rencontré ta Cassilune...Deux textes très différents mais où on peut trouver une étincelle de vrai-faux, comme dit Flo. Toi, c'est un western de science fiction, elle une réalité qui frôle l'imaginaire...

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ton texte, stél me fait penser à un texte posté ici l'année dernière, aussi une histoire de survivant ( mais post-nucléaire), avec un orchestre hors norme. le titre ne me revient plus...

Il y a queque chose de "Fléaux" aussi, mais en plus positif. encore que ce soit très pessimiste sur notre humanité. Je crois plutôt à une Grande guérison de l'intérieur...
Mahatma Bandit

N'empêche que si l'homme apprenait un jour qu'il n'a été que l'espace de stockage d'une autre espèce, le temps qu'elle puisse renaître, ça rabattrait bien des caquets et ferait des vacances au reste du règne vivant

Et de toute façon, un texte n'a pas à être à tout coup un "ce que je crois", celui-ci était un pur délire, sorte de petit hommage décalé et amoureux à Bradbury, qui m'a donné tant de joies.

L'autre, auquel tu fais allusion, oui, montre une préoccupation réelle et inquiète de ma part.

Et "Farenheit 451", Christiane, était d'autant plus fort qu'il était écrit tout juste après de bien téels autodafés.

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Magnifique et belle leçon d'écriture imaginative, Flo, Christinan et Mahamat! Heureusement qu'il n'y a pas à donner des notes ni à choisir "le meilleur", car je serais bien embarrassée.
CC

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hello stél! tu me donnes envie de découvrir bradbury, que je ne connais pas!

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tout va bien Lise? entre virus et auttes joyeusetés?

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Tout va, j'ai nettoyé le système, ouf ! mais j'ai horreur de perdre mon temps à ces joyeusetés.. oui ! :snif:

Autrement, j'écris en solitaire depuis un mois, pas trop de temps pour l'internet.. C'est ma periode d'été qui veut ça.

Et je pleure because mon invité de plume a choisi de rester silencieux - ou les vacances ??

Seuls tes jeux de textes me sortent de ma solitude. Pour cela, MERCI !!!
CC

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Qu'écris-tu?

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Des choses sur le pain , pour me reposer - et puis, un grand truc pas facile sur la relation m?re-enfants adultes. je m'engage toujours dans des trucs pas possible, c'est ma sp?cialit?.

Au sujet m?re/enfant, merci pour ton dernier commentaire sur AJD'H, il y a tant de choses vraies et int?ressantes, que je dois faire tout un grand texte pour te r?pondre. Je vous envie, Cri-cri/Flo, et je vous aime d'exister comme vous ?tes toutes deux !

Dites, sur le PAIN, vous n'auriez pas quelque chose de gentil mignon poesie imagination prose pratique recette and so on, whatever ? me donner ??

Ou belle image ??

Mahamat ?? tu ne sais pas faire le pain, par hasard ???

Jean-Christophe, c'est quoi, le pain, pour toi ?

Isa, me mettre un pain en musique ??

Ile je te verrais bien p?trir et faire un pain aux olives, ou une tarte aux anchois ??



Derni?re modification le 26-07-2009 ? 00:34:46
CC
Abigail Freemantle

"J'ai 106 ans et je fais encore mon propre pain"
(Le Fléau)


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