isa

Merci, Lise. Non, le blog fonctionne apparemment (c'est l'autre site que j'ai arrêté), voici l'adresse :
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Mahatma Bandit

Pin-Pon, le dingue a encore frappé !


*********

--Retour sur Trois--


"Apporte lui des présents sacrificiels, Omniscient, car il est assoiffé, le vagabond qui arrive rapidement, le héros qui reste toujours dans le chariot" (Rig-Vedâ, Inde, circa 1800-1500 av. JC).



- Qu'est-ce qu'on fait, Neil ?
- Ouais, qu'est-ce qu'on fait ? C'est toi le chef...
Neil Armstrong fit une moue dubitative et balaya l'espace d'un revers de main.
- Le chef démissionne et vous passe volontiers le relais.

Devant eux, ceux qui étaient manifestement des robots continuèrent à psalmodier, sur un ton suppliant.
- Anidra, Anidra (1) !
Puis il se jetaient à terre, et se relevaient après ce qui semblait être quelques secondes de réflexion, et ils recommençaient leur manège.
- Ce n'est pas du français ? demanda à tout hasard Neil à ses deux compagnons, qui connaissaient et parlaient cette langue.
- Non, ça sonne un peu comme de l'arabe, tenta Mike.
- Ou peut-être de l'hindi, proposa Buzz, qui ne sut jamais qu'il avait approché la vérité de très près.
- Anidra, Anidra !
Le ciel de la lune était orange et vert, et les deux couleurs, se reflétaient sur le métal des robots, l'adoucissant au point qu'ils paraissaient faits de chair.
- Anidra, Anidra !
Une sorte d'herbe rouge et argentée, qui semblait plutôt faite de cils que de brins, carillonnait au vent doux, adoucissant la chute cent fois recommencée des robots, projetant comme une sorte d'ombre à la fois visuelle et sonore, une aura de clochettes.


Les Gros ont enlevé leur carapace. J'en ai été soulagé. Finalement ils ne sont pas gros, mais je vais continuer à les appeler ainsi, pour la commodité du rapport. Ce n'était qu'une grossière protection qui les faisait ressembler à des larves. Ils ressemblent en réalité presque à nos maîtres, à part la couleur de leur peau. Mais ce ne sont pas des brahmanes. On dirait des purs indigènes de Trois. Je crois que j'ai des gens comme eux dans mes banques mémorielles. En tout cas, puisqu'ils ne m'ont pas compris, ils ne parlent pas sanscrit. C'est la première fois que je mesure le temps, je veux dire que je le mesure vraiment, pas seulement avec un compteur, mais avec mon âme. Ainsi, la Haute Langue même est oubliée ?... Je suis si fatigué. Je voudrais juste dormir. Je ne cesse de leur demander cette délivrance. Cela fait trop longtemps que nous sommes sur Trois Prime, sans instruction, sans but. Sans avoir pris un instant de repos. Et si les Maîtres avaient quitté Trois, étaient repartis sur Cyonor, en nous abandonnant, nous les Gardiens, sur Trois Prime ?
L'Arcaniya (2) elle-même essaie de leur expliquer tout cela avec ses filines mais ils ne comprennent pas non plus. Je crois qu'ils ne savent même pas qu'un monde parle. Se pourrait-ils que les créatures des Maîtres aient régressé ? Ou pire, les Maîtres eux-mêmes auraient dégénéré ?
Nous n'avons pas besoin de nous concerter. Nous savons tous quoi faire. Nous devons savoir. Il est temps de revenir sur Trois. Si les Maîtres y sont encore, nous les prierons de nous faire l'honneur de nous brûler sur le Gange, selon les traditions de Cyonor que nous perpétuons sur Trois. Nous sommes si fatigués...

- Ksamasva me tat, Ksamava me tat (3) !
Neil, Buzz et Mike eurent à peine le temps de se regarder et de se demander pourquoi la phrase des robots avait changé, ils furent saisis, tués, dépecés, éviscérés et réduit en cendres en quelques secondes à l'exception de leurs cerveaux, préservés. Ensuite, ce fut un jeu d'enfant de fabriquer trois nouveaux corps sur le même moule, d'y télécharger les consciences des Gardiens et d'altérer leurs supports d'enregistrement et de transmission primitifs du vaisseau, y compris les transmissions passées, quand ils approchaient Trois Prime. Ainsi, les Créatures auraient une nouvelle mémoire du passé.Elles oublieraient leur exaltation d'un jour, quand les trois astronautes leur avait révélé que la Lune était vivante et habitée, et croiraient la version des Gardiens. Trois Prime était un monde mort, sans atmosphère. À l'échelle galactique, les Créatures étaient des nourrissons, ils opteraient spontanément pour ce stimuli.
Les Gardiens étaient émus, ils allaient revoir les Maîtres.Peut-être même auraient-ils l'honneur d'être reçu par l'Amiral Râma en personne.
En signe d'adieu, l'Arcanya fit tinter ses filines comme jamais auparavant. La Lune Vivante soupira. Elle avait aimé avoir de la compagnie et les Gardiens allaient lui manquer.


- Alors Mike, tu nous fais la tête ? Parce que tu es resté ici et que tu n'as pas débarqué avec nous ?
Rigolard, Buzz administra une claque virile sur l'épaule de Collins.
- Non, non, rassura-t-il, c'était prévu. J'ai juste fait un drôle de rêve. Je descendais avec vous et la lune était couverte d'une espèce d'herbe, rouge et argent. En fait, la lune elle même était vivante, consciente et elle parlait. Il y avait une sorte de ciel et des robots, qui parlaient d'hommes comme nous, des espèces d'hindous mais technologiquement très avancés...
Toujours sérieux, Neil Armstrong s'inquiéta.
- Ce serait une forme de mal de l'espace ? Si ça recommence, Mike, il faudra en parler au toubib, une fois revenu...
- Oh, pas la peine, je devais juste être fatigué. Et c'est drôle...
- Quoi ?
- J'avais l'impression que ce n'était pas seulement moi qui rêvait ce rêve. Comme si nous étions deux à rêver en même temps...

Le vaisseau filait vers la Terre, s'en rapprochait. Collins regarda par le hublot et s'attendit à être ému par la vision de l'Amérique. Mais elle lui fut étrangement indifférente. Par contre, lorsqu'il vit serpenter le Gange sur le sous-continent indien, une sensation incongrue de familiarité s'empara de lui et, malgré lui, il prononça un mot qu'il ne comprit pas.
- Agamana (4)...
Instantanément, l'autre conscience prit le relais.




(1) Manque de sommeil.
(2) l'Honorable, la Vénérable.
(3) Excusez-moi pour cela.
(4) Retour, approche, arrivée
isa

c'est pas dingue du tout, magnifique histoire de Science-Fiction, on dirait du Silverberg dans ses meilleurs livres (la Face des Eaux, par exemple). Wow, Steph, quand je pense que tu me conseilles de publier en SF, et toi alors? là aussi, j'imagine un super roman court. Mais tu devrais inonder le marché de la SF pour adulte, francophone, il paraît d'ailleurs que cette dernière a un nouveau souffle, tu devrais, tu devrais....
isa

un super roman court, disais-je... bon, ben ou simplement la nouvelle telle quelle, dans un recueil. Tu devrais essayer d'envoyer un recueil. Je suis sûre que dans toutes tes nouvelles, tu en as assez de SF.
Mahatma Bandit

Oui, je te conseille de publier en SF, je maintiens.
Et je me le conseille aussi. En quoi serait-ce incompatible ?
Aucune contradiction entre l'interface et le système

Par contre, non, dans mes nouvelles, je n'en ai pas assez. Mais c'est vrai qu'il y a quelques débouchés dans le SF française, comme d'ailleurs dans l'imaginaire en général, mais bon, c'est comme partout, si tu n'as pas la bonne relation pour amorcer, ou si tu ne fais pas un "gros coup", qui va te permettre d'envisager la suite, ça ne se fera pas en cinq minutes.
Bon, mais de toute façon, au niveau projets, si Dieu me prête vie, j'ai vraiment l'embarras du choix, j'en ai je ne sais pas combien en chantier.

Pour cette petite nouvelle, à part le thème, je suis en train de iire "Le monde vert" de Brian Aldiss (5 millards d'années dans le futur, d'immenses araignées végétales appelées les Travertoises, ayant tissé une toile de la Terre à la Lune, et un arbre unique recouvrant tout un continent,) et nul doute que l'idée de la Lune Vivante en provient directement Plus une louche de "nos ancètres viennent d'ailleurs et nous sommes leurs créatures", théorie qui était très populaire dans les années 70-80, notamment en France par la mythique collection "L'Aventure Mystérieuse" de J'ai Lu, avec ses fameuses couvertures rouge sombre et des titres du gente "l'histoire inconnue des hommes depuis 10000 ans). Plus une petite étude biographique des trois astronautes pour leur donner un trait de caractère. Plus un dico français-sanscrit et un Rig-Veda à portée d'yeux.
Et voilà.
isa

Incompatible?? j'ai pas dit ça
ha l'aventure mystérieuse, me souviens, j'en avais plein (sur l'aura etc. tous plus farfelus les uns que les autres, lecture géniale), je dois les avoir encore, enfouis dans un placard à Pernes.
Me suis détendue cinq minutes de mes double préparatifs de rentrée pour demain avec l'inénarrable épisode de TNG, up the long ladder, toujours aussi marrant :

http://www.youtube.com/watch?v=sFLBxJQcWsU

(et parties suivantes accessibles sur youtube)

J'arrive après l'auniassage, comme toujours. très belle l'éidée de l'Indi et des robots sur cette "lune vivante" rien que cela, tout un programme.

La SF français est en plein rebond! il y a vraiment des perspective là-dedans !
Mahatma Bandit

-- La maladie de la lune --

Le retour d'Aliénor, aujourd'hui, dans le camion avec Roger, en route vers la Rochelle. Et en guest-star : la lune. Pas quarante ans après, seulement six.

***


Roger et Aliénor roulent depuis presque vingt minutes sans parler.
Aliénor fait jouer ses jambes vers la droite, puis vers la gauche. Elle jette un regard en coin à Roger. Ça n'a pas l'air de l'énerver. Alors, elle arrête. Elle avait envie de se faire engueuler par Roger.
Roger qui râle après toi, ça fait plus de bien que tout le reste du monde qui te couvre de compliments.
Ils roulent dans la nuit tombante. Parfois ils ont besoin de se dire des choses et parfois, le silence suffit. Que ce soit dans les mots ou dans le silence entre eux, il y a un trésor. Dans les deux. Entre Roger et Aliénor, il y a un vrai trésor, dans un coffre en bois. Un vrai. Un qu'on peut faire "toc-toc" dessus. Pas un trésor "au sens métaphorique du mot coeur". Aliénor adore cette expression, elle a vu "la Cité des anges" cinq fois. Elle a éjecté rageusement le dvd cinq fois, au moment où Maggie se tue en vélo. À quoi ça lui servait, à Seth, de renoncer à être un ange ?
À quoi ça lui a servi, à maman, de renoncer à être ma mère ?
À quoi ça sert de se demander à quoi ça sert ?
Aliénor serre sa veste en jean autour d'elle. Elle n'a pas froid, elle a juste envie de faire un geste, d'avoir quelque chose dans les mains. Elle sent monter en elle des bonnes choses et des mauvaises choses, à égalité.

Le camion vibre, la petite route est moins bien entretenue que l'autoroute, mais il vaut mieux rouler là, sûrement qu'il doit y avoir des affiches partout sur les cabines des péages, avec sa tête rousse qu'on voit même dans la nuit. Elle aime bien la vibration, elle se croit presque dans un avion, un gros avion-cargo, il faut bien ça pour la transporter, Aliénor, chargée de ses lourdes marchandises.
Roger risque gros pour elle, de l'amener comme ça où elle veut, mais ça n'a pas l'air de l'émouvoir plus que ça.
? Ça va, la lampe-torche ?
? Ouais, au sens métaphorique d'aller bien, ça va.
? Houlà, ça chauffe dur, là-dedans. Et ça te ferait mal au cul de me dire "oui" et pas "ouais" ?
? Chais pas, je parle pas par là, je parle par la bouche, moi.
Elle sait qu'il fait exprès de lui parler comme ça, pour la faire réagir pareil, pour qu'elle sorte pour toujours de la ligne de craie tracée par Diane. Dangereux, le gros père, tellement il est malin.
? Tu aimes bien le mot "métaphore" ?
? C'est joli. Mais je t'avouerais que ce n'est pas le mot qu'on utilise le plus souvent dans le transport routier.
? Dommage, ce serait bien de transporter des métaphores.
Un faisceau lumineux passe juste sur le visage d'Aliénor, jusqu'au fond de ses yeux qui se mettent à briller pendant une seconde comme ceux d'un chat.
Une nuit, Élodie lui a fait remarquer qu'Aliénor rime avec métaphore. Alors, même si Elodie était chez elle, elle l'a virée du lit d'un seul coup de jambes, et de heurter le sol n'a pas empêché Élodie de continuer à rigoler. Élodie, elle rigole quand elle a mal.
? Le coup qu'elle m'a fait, une fois, Elodie, je te jure !
Roger ne dit rien, ne demande pas la suite. La nuit s'épaissit et, de temps à autre, la petite route fait un peu vibrer les vitres. Aliénor se dit qu'elle est quelque part dans les Andes, sur une piste défoncée. Maman m'attend dans un village tellement haut que la neige ne fond jamais. Elle m'attend avec un grand poncho très coloré et quand je vais arriver, avant de me dire bonjour, avant de me prendre dans ses bras, elle va me faire signe de lever mes bras à moi pour que je l'enfile.
? Elle t'a fait quoi, comme coup, tu me jures, Élodie ?
? Elle m'a fait le coup de la maladie de la lune...
? Ah, vous m'avez l'air de faire une belle paire toutes les deux...
? Arrête, on dirait ma grand-mère quand tu dis ça. Alors, je te raconte ?

Écoute Roger, c'était quand on était petites, je sais que pour toi je ne suis pas très grande, mais c'était encore pire, alors si tu veux, on était carrément toutes petites, c'était vers la fin du primaire. Comme d'habitude, je dormais chez elle. Des fois, elle vient chez moi aussi, mais avec ma grand-mère, on ne peut pas faire trop de bruit, on ne peut pas veiller très tard, alors que chez la mère à Élo, c'est le bazar, tu vois, c'est le cirque permanent. À la limite, quand on est silencieuses, ça l'inquiéte, la mère à Élo. Comme toi, faut de tout pour faire un monde. Ouch !

Un nid de poule vient de faire presque sauter Aliénor comme une crèpe sur son siège.
Sur le talus, un chat, un vrai chat noir de sorcière envoie de la lumière avec ses yeux, comme s'il leur faisait un appel de phares, puis il disparaît dans les hautes herbes.

Tu peux ralentir, tu sais, c'est pas interdit d'aller moins vite que la vitesse de la lumière. Tu crois qu'il a quelqu'un, celui-là, où que c'est un chat errant ? Bon, alors c'était la nuit avant la rentrée du CM2, donc ça doit bien au moins six ans. Pour une fois, je me suis endormie comme une masse. J'avais toutes mes affaires bien prêtes, mon cartable tout fait et tout et il y avait Élodie qui délirait pour changer, et au lieu de m'exciter et de me donner envie de faire la folle comme d'hab, ça m'a bercée et je me suis endormie. Quand je me suis réveillée, Élodie était accroupie sur le lit et elle me regardait avec des yeux horrifiés, elle se reculait comme si j'étais carrément pestiférée. Et...

Aliénor se rend compte que raconter son histoire la fait transpirer. Elle trouve ça bizarre.
? Et ?
Le camion ronronne au milieu des champs, il n'avale pas la route, il la pétrit comme un pain anthracite, un pain des profondeurs, un pain qui lui donne envie de parler, parler, parler.

Et moi, évidemment, tu commences à me connaître, je pars au quart de tour, je lui fais les yeux, tu vois les yeux surpris, et je lui demande :
?Élo, limite hystérique, avec une voix tremblante :
? Écoute, je crois que tu ne vas pas pouvoir aller à l'école pour la rentrée.
? Mais quoi ??
Ma voix commence à partir dans les aigus, c'est la voix que mon chat n'aime pas, quand je lui fais cette voix, il a les oreilles qui bougent et qui claquent, tu vois comme s'il voulait se débarasser de ma voix.
? Regarde-toi, regarde-toi, tu en as p.a.r.t.o.u.t, elle me fait, Élo, encore plus aigue que moi. Ni une ni deux, j'arrache les draps et je regarde vers la vieille armoire, celle avec la grande glace. Et là, je te jure que je sens mon sang se congeler. J'ai des espèces de petits ronds sur tout le corps, de la tête aux pieds, j'en ai au moins une trentaine, tout rouges. Là, je reste la bouche ouverte et Élo, elle se plaque carrément au mur, pour être sûre de ne pas me toucher. Et elle se met à dire, d'une voix tremblotante :
- La maladie de la lune, tu as la maladie de la lune ! C'est très grave !

Aliénor cherche la lune, la vraie, des yeux. Elle est juste en dessous de la petite peluche porte bonheur qui se balance en rythme. On croirait que la peluche est un animal de cirque qui roule sur la lune.
Roger ne dit rien, ne lui demande pas de continuer. Il est en pilote automatique, il attend la suite. Il se dit qu'on a beau dire, mais Aliénor, c'est vachement mieux que l'auto-radio, et il ralentit un peu, parce qu'il n'est pas pressé qu'elle arrive.
Dehors, il n'y a pas de loups qui hurlent pour rajouter à la magie de l'ambiance,mais c'est tout comme. Il y a des nuits comme ça, très peuplées, peuplées de crinières rousses avec des lunes partout sur leur pelage. Peuplées d'une gamine qui remplit l'horizon d'un bord à l'autre, qui s'empile en couches serrées de la terre jusqu'au ciel. Qui donne envie d'être là, et pas ailleurs.

- La maladie de la lune ? je demande à Élo avec ce qui me reste de voix, je te jure, j'étais en mode agonie, on aurait dit un film d'horreur. Oui, elle me fait de la tête en haletant.
Là, je ne sais plus quoi faire, je compte et recompte mes lunes sur le corps, rouges, bizarres, comme si elles sortaient de l'intérieur, comme si elles venaient de profond dans le corps. Je me dis que je vais mourir, que les lunes vont devenir de plus en plus nombreuses, qu'elles vont se multiplier jusqu'à se rejoindre et me recouvrir complètement et alors là, il arrivera quelque chose de vraiment terrible.
Puis au fond de mon esprit, je commence à avoir un doute, mais d'abord, je m'en rends à peine compte, tu vois, je fronce les sourcils mais sans m'en apercevoir, genre l'inspecteur qui est sur le point de trouver quelque chose. Puis je me dis avec ma grand-mère pharmacienne quand même, la maladie de la lune, j'en aurais entendu parler, au moins une fois, si tu savais les trucs qu'elle me dit, des fois, elle adore détailler les maladies les plus terribles. Puis j'ose en toucher une, une lune sur mon bras, je la touche mais du bout du doigt. Et là, la lune se met à baver sur ma peau. Je me dit "oh non, j'ai aggravé la maladie !", puis je regarde vers Élo pour trouver un soutient moral. Et là, je la vois se plier de rire, mais elle en pleure carrément. Elle prend son feutre rouge dans les mains et elle se dessine une lune et là, je comprends tout, elle s'est amusée à me tracer des lunes partout pendant que je dormais, juste pour me faire marcher. La maladie de la lune, tu parles ! J'ai cru que j'allais la tuer, elle a eu de la chance que c'était l'heure de descendre, s'il n'y avait pas eu la rentrée, je l'aurais enfermée dans l'armoire, et elle y serait encore, même six ans après, elle y serait encore, je te jure !

Un feu rouge, le premier depuis un bon moment. La petite peluche ralentit. La lune a bougé dans le ciel depuis qu'Aliénor raconte, et maintenant, elle est sur le côté de la peluche, elles n'ont plus aucun rapport l'une avec l'autre. Roger hoche la tête et sourit.
? Fais moi une faveur, la lampe-torche...
? Laquelle ?
? Si un jour, tu veux venir me voir avec ta copine, vous faites des tours, vous vous relayez. Parce que deux comme vous à la fois, ça ferait beaucoup.
Puis ils se mettent à rigoler comme des bossus tous les deux, mais à un moment, Aliénor s'arrête net. Elle dit :
? Théo.
? Quoi Théo ?
? Quand il m'a dessiné la galaxie sur le visage, tu sais... ça me fait penser à ça, mon histoire avec Élodie.
? Mais oui, c'est vrai, ce que tu dis, bien vu la lampe-torche, approuve Roger.
? C'est le genre de truc... enfin, à mon avis, tu vois, il faut aimer très fort quelqu'un pour lui dessiner dessus.
? Ça se pourrait.
D'un coup, elle a envie d'être à nouveau dans l'école, avec Théo, Anneline et Hoa. Elle meurt d'envie de s'accroupir pendant des heures et de sentir le feutre sur sa joue.
Le camion roule et il les emmène tous avec Aliénor. Ce n'est pas un trésor qu'elle a trouvé, c'est plusieurs.





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mais c'est superbe, ce texte, ça pourrait même être le texte final - le dernier chapitre, non ?

Comment je ne l'ai pas encore lu jusqu'à ce matin ?
Trop de tout, trop de pages, trop de blogges, je me perds.
On va mourir étouffés par les trops.

Mais avant, avant, je récupère ce texte avec Roger et Aliénor et tout le monde, et je le colle à la suite des autres. Ca va te nous me faire quelques pages de plus - Flo, tu arrives à suivre ? ( la pauvre, on est cruels avec elle !!) bisous, bisous )

Cricri, ? Isa ? Bandit de mahamat ???
CC

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Hein!!! Mais je l'avais pas vu!!!

sorry,
je relis et je reviens!

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Oui, magnifique cadeau de rentrée que ce texte Steph, comme s'il n'y avait pas une seconde, un été qui s'était écoulé depuis le dernier texte....

Oui, il faut aimer beaucoup et pas un peau pour s'écrire dessus


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une peau tendue ?
peau de tambour ?
A battre - mais pas abattre, ce pauvre Stéliade qui n'y peut mais ... ah .... ce clAvier nous fait écrire des bétises, et j'avoue que oui, j'ADORE écrire des bétises.

Je languis CHRISTIANE !!!

__________

Je languis THEO !!!

__________

Je languis ROGER

----------

Je languis a l i e n o r !!!!!!!!!!!!!!!!!!
CC

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Voilà seulement, le 7 septembre, avant la nuit, que je trouve ce texte! Il est très beau et vraiment pourrait être une conclusion à l'histoire, mais alors que fait-on des personnages multiples qui la peuplent?
Lise, j'admire ton caractère passionné! Et volontaire, et actif! Et toujours ton exubérance!

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Ecoutez, je ne sias pas où est Mahamat, je ne sais pas qui c'est, je ne l'ai jamais rencontré, existe-t-il seulement ? mais je peux vous dire une chose : le texte ci-dessus, je viens de le relire, à tête reposée - enfin, autant que je puisse en avoir une de cette sorte, je sais que c'est pas évident, mais faut faire comme si - , et c'est une merveille ce texte : j'ai ri, tremblé et me suis délectée des mots ensemble, de la musique, de ce don de faire surgir les images, les émotions, les pensées, les sensations. Alors on ne le lui dit pas assez et je le lui dis une fois de plus : merci, Stèph, reviens-nous vite.

Il me donne l'envie de tout laisser et de partir dans le camion avec Roger et d'écouter Aliénor nous raconter ses histoires de maladie de la lune tandis que les roues du camion continuent de pêtrit la route comme un pain anthracite .........

CC
Mahatma Bandit

Coucou à vous,

Je rentre seulement d'Andalousie et je reprends donc le train en marche.
Voilà, en fait, en relisant notre ensemble, j'avais trouvé que c'était d'une telle richesse (franchement, je suis "blasé", enfin ce n'est pas le terme, mais je veux dire, j'en ai vu pas mal, et je me suis senti émerveillé par ce projet lancé par Flo, un peu comme quelqu'un qui n'attend plus rien de ce genre de trucs et là, chpaf, coup de foudre, d'ailleurs pour que j'ai donné comme ça un de mes personnages à l'histoire, sans même y penser, fallait que ce soit un gros gros coup de foudre, parce que ton personnage, c'est ton petit, quoi), d'une telle richesse donc, qu'à la limite ça pouvait faire "trop". Et donc, pour conclure, puisque vous vouliez conclure (je dis ça parce je pense que peut-être on aurait pu développer en le laissant respirer et maturer) il fallait en sortir, sortir de cette "créature" trop pleine. D'où Aliénor qui part en camion. Pour une "sortie", rien ne vaut une vraie sortie, une sortie physique. Aliénor part dans le camion de Roger, et elle emporte les autres personnages avec elle, dans son coeur, elle emmène toute notre 'histoire. C'était mon idée. Bien sûr, il reste plein de pistes inexplorées, sincèrement, j'aimerais beaucoup suivre plus Luigi et les autres personnages. Nous avons ouvert énormément de pistes dans cette histoire. Un gros gros potentiel. Seulement, nous sommes sur internet, et déjà, d'avoir réussi à penser cette histoire en mois, c'est énorme, c'est l'équivalent de siècles dans d'autres civilisations, donc il ne faut pas trop nous en demander
Bon, tout ça, c'est bien. On a fait une très très belle chose, une belle créature, un beau petit, on peut vraiment être fiers.


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