L'anti-livre

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Un jour, je me suis mise en grève loin de tous, sur le sable. J?ai cueilli une plume blanche, j?ai commencé d?écrire sur l'eau, j?ai parlé aux oiseaux. J?ai inventé l?écridire.

J?ai plongé profond dans l?eau verte, dans le salé, dans les bulles. Frolée par la transparence des anémones, par le diapré des créatures marines, j?ai écris sur les algues rencontrées au hasard des vagues et des remous. Sur la plage, les mouettes ont accouru en piallant. J?ai dit leurs cris aigus, malfaisants, irascibles. J?ai écrit l?ennuyance de leurs criailleries, le ridicule de leurs becs agressifs, la beauté de leur vol blanc.

J?ai longuement écrit le ciel et sa lente transformation, la nuit couverte d?étoiles, la douceur opaque de la brume avant le lever du jour, au retour du petit matin. J?ai dit le silence solitaire, puis la rencontre. Le vagabondage solidaire, le petit feu d?algues sêche, partagé ; et le baiser au ralenti, la communion des mains qui n?allaient pas plus loin que l?amour d?être ensemble. J?ai écrit le sourire dans un regard trop tendre et j?ai dit se noyer dans un trop plein de bleu.

C?est l?écridire, c?est la transformation de ce moi hors de soi, hors des autres. C?est la panique éteinte parce qu?il faisait beau, un soir, sur une plage, loin du monde et de tous. Seul à seule avec l?ombre, et la maigre fumée qui monte entre les dunes. Le vert pale de l?herbe, si clair qu?il semble gris, avec la fleur unique penchée sous le vent, dans un goùt d?herbe blanche et de sel et d?eau sombre. Dans la mouvance de deux bouches qui mettaient si longtemps à aller l?une vers l?autre ; si longtemps, plus tard, à se séparer.

C?est l?écridire, cette fuite paresseuse à l?extrême bord de soi, ce retour dans le temps, cet appel vers la joie. C?est le cri, c?est le dire, C?est l?écridire, jamais livré.

C?est l?anti-livre.


LiseCC

CC

Ce que j'aime dans ce texte, c'est cette fuite rythmée ( je reviens toujorus là dessus, mais dira-t-on assez combien le souffle, la scansion, la possibilité de "dire" justement un texte à haute voix est primordial?)

J'aime cette description d'un instant, plus que ralenti, je dirais "densifié" (mais "danse si fille hé" aussi )

Les couleurs autour dans chaque détails qui compte et la tentative d'approcher cette notion d'écridire... ( car nous sommes tous des laborantins des sentiments, des disséqueurs de nuances du coeur ou de l'âme).

C'est chouette une nouvelle écriture, ça "rémotive"

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Motiver, remotiver : c'est ce qui est si fugitif, sur le web, si décevant, Flo : jusqu'au malaise physique, parfois.

Je suis "écrivant" sur le web depuis presque dix ans, j'ai écrit et écrit des centaines de textes, longs ou court, dans les projets d'écriture à thèmes ; et parallèlement, j'écrivais aussi pour moi.
Depuis deux ans, je suis coupée de tout le monde - je parle du "monde" de l'écriture. J'ai continué d'écrire, bien entendu : les mauvaises habitudes ont la peau dure, hé hé. J'ai essayé moi même de former des groupes, je ne suis pas leader, ça ne marche pas.

J'ai découvert que nous êcrivons surtout et avant tout pour être lu(e)s. Sur le web, j'entends. C'est triste à dire, mais il n'y a pas très longtemps que la femme se sent assez à l'aise dans l'écriture ouverte, offerte à tous, sans réticence. Plusieur femmes-auteurs m'ont avoué écrire pour les autres, tout en me demandant de ne pas en parler : mais pourquoi ? mes amis auteurs-hommes ne se gènent pas pour s'étaler partout et prendre de plus en plus de place, à coup de coudes, parfois... ( moralement, les coups de coude, mais quand même, ça peut laisser des bleus)

Je ne veux pas soulever de polémique, j'essaie simplement d'expliquer le pourquoi ( pour moi) de l'écriture en ligne. Sans aucune fausse modestie ( ni vraie , ooopss :do!

ceci dit, je n'ai rien, mais alors, absolument RIEN, contre mes amis auteurs-messieurs, indeed.


Derni?re modification le 21-02-2009 ? 23:25:34
CC

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Merci d'être là, en tout cas, pour une vieille routarde d'internet comme moi c'est de l'or, quelle belle écriture tu as.
Je viens juste de récupérer mon ordi, donc jusqu'à présent j'ai lu en nomade, mais promis je vais me sédentariser un peu. Bien que l'appel du vrai soleil, du vrai vent et des vraies odeurs ait été absolument irrésistible pendant ces quelques jours de vacances que j'ai eu la chance d'avoir. A bientôt.

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merci Isa, je te connais pour t'avoir lue, pour te lire depuis cinq ans - comme Florence, d'ailleurs. Je suis très fière d'être ainsi accueillie par vous deux. Et jalouse de votre soleil, filles du sud ! ( ici nous avions -6 ce matin, au lever...et le soleil, oui : heureusement !)

Je fonce dans le nouveau projet de nouvelle P...
CC
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