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Sarah, née en 1920, avais donc 20 ans au moment de la WWII. Si elle a passé la fornti♪8re ( avec l'aide de Soeur marie-Gabrielle et son copain,) en 1942, elle a connu Piaf avant la guerre - où ? )
Dès que nous introduisons des détails historiques dnas le récit, il faut qu'ils collent aux dates, aux évènements.
Passe moi un dafalgan, sois sympa !
CC
Mahatma Bandit

Wow, ça a sacrément bougé ! Vous êtes des fontaines inépuisables !
Le temps que mon petit cerveau assimile ces développements et tout ce qu'ils rendent possible, et je reviendrai dans le jeu.

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Pas simple, n'est-ce pas?

C'est ce qui me tracasse aussi, la cohérence entre les personnages que nous avons fait naître et les grands-parents qu'on leur attribue...Qui seraient contemporains, mais il faut réfléchir. Et Diane, dans tout cela?
Et si je prenais deux comprimés pour dormir au lieu d'un?
Non je rigole!

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Nos esprits se rencontrent, Christiane, car justement je pensais qu'il était temps de faire vivre Diane - jusque là, elle est très discrète, très réservée, très comme il faut - mais tu vois pas, si elle se met à joeur les grand mères indignes et qu'elle se ramène avec un jules ?
(ps : non, je rigole moi aussi .. ! et 2 comprimés pour moi itou )

Mahtma, inepuisable, .. non.. et heureusement que tu reviens, car le débit menace de se tarir - le mien, en tous cas ...

Faut que je relise tout depuis le debut pour garder le rythme.
CC
Mahatma Bandit

Je sais que c'est étrange. Je ne sais plus si je suis dans la consigne. Mais c'est ça qui est venu, alors je n'ai pas fermé la porte. Dites-vous qu'aucune suite n'est obligatoire et que vous pouvez rayer celle-ci de l'ensemble, sans pour autant que j'en sois vexé. Et sans pour autant qu'elle cesse d'exister.

**********

Je vois. Je sais. Mon esprit peut aller partout. Tu sais, le soir, dans mon lit, je pilote le monde entier. Dans ma tête, j'ai construit un grand tableau de commandes, comme dans un avion. Tiens, je peux te dire qu'en ce moment tu te trouves exactement à la latitude de 46.0145080 degrés nord. Je sais que tu mesure un mètre soixante cinq et huit millimètres, que tu pèses quarante-neuf kilos quatre cent six grammes et que tu as exactement (je veux dire, à l'instant exact où je calcule) quatre-vingt un mille deux cent soixante-huit cheveux. C'est aussi le nombre d'habitants de La Rochelle. C'est drôle, tu ne trouves pas ?
Je connais la composition chimique exacte de ton odeur sous les aisselles. J'aimerais tant m'y enfouir. Quand j'ai dessiné la toile d'araignée sur ton visage à l'école, j'ai dessiné la structure précise de l'univers. Je savais que tu ne comprendrais pas, mais j'avais envie de te l'offrir, à toi seule. C'est comme un cadeau de mariage parce que j'ai décidé de t'épouser dans ma tête. Pour toujours.
Vers le matin, juste au moment de la nuit où on dit que les gens meurent beaucoup, Edith Piaf vient me parler. Elle s'installe sur une table, au beau milieu de ma tête, avec un verre de Saint-Emilion et elle me parle comme si j'étais un vieil ami. En ce moment, elle me parle beaucoup de toi, Aliénor...


- Vous vous moquez de moi ? Je vous demande de retrouver ma petite fille et vous me débitez tout un roman délirant, annonné par un...
- Un... ?
Diane a repoussé le siège, puis elle a fait le même geste que quand elle ferme sa caisse, le soir, à la pharmacie. Fini. Nuit sur le monde.
Elle fixe la jeune femme qui vient de parler les yeux fermés. Elle n'a pas dit "sorcière" pour son interlocutrice ni "petit débile" pour l'enfant, à cause de sa bonne éducation. D'ailleurs, la femme en face d'elle est jeune et jolie, elle pourrait travailler dans un cabinet médical ou une agence immobilière. Sa plaque où est inscrit simplement "Aviva Biennemann- Médium- Channelling" est exactement du même modèle que sa plaque de pharmacienne. C'est ça qui lui a inspiré confiance, une bonne plaque dorée avec un lettrage classique et de bon goût.
- Chère madame... je ne vous demande pas de me croire, mais vous m'avez demandé de trouver, ressentir capter votre petite fille, et je vous dis ce que je reçois : un enfant autiste qui la regarde en ce moment même. Il est très puissant, vous savez. Il est beau, aussi. Il s'appelle Théo.
Diane pince le nez.
- J'ai peut-être raté quelque chose avec ma fille, mais en ce qui concerne ma petite fille, j'ai veillé à ce qu'elle ne recommence pas les mêmes erreurs. Je ne pense qu'elle fréquenterait n'importe qui comme ça !
- Vous ne pensiez pas non plus qu'elle fuguerait... Acceptez que les gens les plus proches de nous peuvent être ceux qui nous réservent les plus grandes surprises...
- Reprenez. Je vous ai payée pour trouver ma petite fille. Pas pour philosopher.

Je sens une caresse sur mon esprit. Comme un doigt qui s'imprime dans le sable et qui essaye de lire l'histoire de la mer toute entière, mais doux et respectueux. Je veux bien l'accueillir parce que je sens que toi aussi, tu veux bien.
On est dans la cuisine de Dorothée, on est seulement tout les deux, j'ai dit aux autres "partez, s'il vous plaît", et Dorothée a dit qu'elle avait du linge à étendre, Roger est allé faire de l'essence, Fang Yin a eu très envie d'aller dans le jardin. On est tous les deux et, dans la cuisine, il y a des ombres aussi profondes que les yeux de Hoa et les fleurs ont la couleur de la bouche d'Annelline. C'est comme si j'étais à l'école. Je vais te parler du coffre. Je sais que tu ne m'entendras pas, mais il faut que je te le dise quand même. Edith Piaf s'intéressait aux choses cachées, aux esprits, aux mystères. Un jour, un italien à l'air indien est venu la trouver. Il s'appelait Luigi, il s'appelle toujours Luigi, du moins en ce moment.Tous les dix-quinze ans à peu près, il change d'endroit, parce que les gens ne comprendraient pas qu'il ne vieillit pas, ou en tout cas très lentement. S'ils savaient qu'il a conçu la plupart des prophéties Hopi, qu'il été auparavant un des disciples de Jésus et qu'encore auparavant, il a conseillé la reine Hapchetsout d'Egypte...
Il dit toujours que lui et moi, on est deux monstres, deux frères, deux aurores de la nature.

Diane hausse les épaules. S'il y avait des cartes de tarot sur la table, elle ferait voler le jeu en éclats. S'il y avait une boule de cristal, elle la couvrirait de rouge à lèvres avec des dessins et des mots obscènes. Pour réduire cette péronnelle en cendres. Pas besoin de soigner des gens comme ça avec l'argent du contribuable, ce serait plus facile de s'en occuper avant leur naissance, non ?
Mais chez Aviva- Biennemann-Medium-Channeling, il n'y pas de chouette phosphorescente ni de balai encore trempé de l'humidité d'une nuit de sabbat. Juste une tasse de thé et une cuillère sans yeux ni bouche. Normale.
C'est peut-être ça qui lui fait le plus peur, à Diane.
Cette fois, elle n'interrompt pas Aviva.

Aliénor, tu veux bien prendre ma main ? S'il te plaît. Parfois, tu sais, l'univers bouge, ses lignes, ses courants, je ne sais pas comment t'expliquer. Dans ces moments là, j'ai l'impression qu'on va dériver très loin l'un de l'autre, comme des continents. J'essaye de faire aller ma main vers toi, mais comme d'habitude, mes doigts vont dans tous les sens à la fois. Ou nulle part. Pourtant, j'ai toutes les coordonnées nécessaires pour te prendre la main. Volume, poids, gravité, texture, envie. Mais tu sais, quand j'essaye d'aller vers quelqu'un, de le toucher, ou quand quelqu'un essaye d'aller vers moi, l'univers se révulse, c'est comme si mille renards enragés me sautaient dessus. Je t'aime, Aliénor, je t'aimerais même à travers un million de renards. Tu sais quoi ? Tu vas le faire ton chemin, tu vas arriver à La Rochelle et serrer ta maman tout contre toi. Parce que je le veux.
Donc Luigi est allé voir Piaf, et elle, tout ce qui était du genre aurore de la nature, elle adorait. Lui, je ne sais pas exactement pourquoi il s'était entiché d'elle, mais il avait décidé qu'elle recevrait Le Secret, elle et personne d'autre. Dans le coffre, il n'y avait pas de paroles de chansons inédites ou de petite robe noire incrustées de diamant. Il y avait le Graal. Et il lui a donné le Graal comme ça, sans rien lui demander, sans lui faire passer d'épreuves ni rien. Il lui a DONNÉ, tu comprends ? Et elle, qui était très croyante,elle était morte de trouille. Ses tremblements et ses évanouissements, à la fin de sa vie, ce n'était pas la maladie. C'était le grand frisson du Graal.
Je le comprends, tu sais, Aliénor. Je te l'aurais donné pareil. D'ailleurs, quand j'ai dessiné les toiles d'araignées sur ton visage, c'était un peu ça.

- Je vous ai payé deux cent euros pour entendre ça ? Vous savez que je peux porter plainte pour escroquerie ? Que je peux vous écraser avec mon talon ?
Dans la tête de Diane, elle voit une belle ligne droite tracée à la craie et d'autres lignes qui la coupent, elle voit le visage d'Aviva découpé en carrés parfaits, harmonieusement disposés pour découper la chair en petits dés égaux.
Aviva ne se démonte pas et lui sourit.
- Faites, madame, faites.
Elle sait très bien que Diane n'ira jamais dire à qui que ce soit qu'elle a été consulter une médium. Ça jaserait ferme dans la pharmacie. Elle l'a tout de suite jaugée. Pas un mot de leur conversation ne franchira jamais ses lèvres.
C'est pour ça qu'elle lui a dit absolument toute la vérité.

Voilà, Aliénor. Tu es la seule à savoir, même si tu ne m'as pas entendue, il y a quelque en toi qui est au courant, maintenant. Tu sais, n'aie pas peur, le Graal c'est surtout ce qu'on en fait.
Maintenant, s'il te plaît, prends moi dans tes bras, prends moi fort, parce que j'ai envie de pleurer pour toi, tellement je t'aime sans pouvoir jamais te le dire. Dépose ton odeur sur moi, imprégne moi, mets moi partout dans mon océan des petits poissons de toi.

Je sais que tu vas partir bientôt. Je vais regarder mon tableau de commandes et je vais te lancer bien comme il faut jusque dans les bras de ta mère. Je vais retourner à l'école et on va tout le temps parler de toi, tout le temps. Les leçons de la maîtresse, elles seront sur toi. Les omelettes de Dorothée seront des omelettes Aliénor. Je boirai ta pluie, je te cueillerai dans le jardin et je t'épouserai tous les jours.

- Mon Dieu ! Vous avez vu ?
Dorothée a fait tomber son panier et Fang Yin a porté la main à son visage.
- C'est la première fois qu'il se laisse étreindre comme ça !
L'une tremble et l'autre manque s'évanouir, comme Edith sur scène, quand elle repensait trop fort au Graal.









Mahatma Bandit

Trouvé sur un site sur Cracovie :

**********

Une blague juive pourrait être à l'origine du livre à succès de Paolo Coehlo « L'Alchimiste »

Une nuit, deux nuits, trois nuits, Eisik fils de Yekel fit le même rêve : un trésor l'attendait à Prague, sous le pont,
face au palais royal. Eisik, étant dans la pire misère qui soit, décida au matin de la troisième nuit de se mettre en route. Il gagna Prague à pied. Le pont était gardé jour et nuit par des sentinelles. Eisik faisait des
manoeuvres d'approche variées pour tenter de repérer où pouvait bien se cacher le trésor. Le chef des gardes, intrigué par le manège de ce visiteur obstiné, descendit sur le quai et l'interpella:
« Je vous ai repéré. Depuis trois jours vous rôdez constamment sous ce pont. Vous avez perdu quelque chose ou vous mijotez un mauvais coup ? »
Eisik lui raconta son rêve.
« Voilà toute la raison de ma présence ici. »
Le capitaine lui dit, hilare :
« Alors, c'est pour un rêve, mon pauvre vieux, que tu es là ? A ce compte-là, j'aurais pu, moi, aller à Cracovie... J'ai rêvé que chez un certain Eisik, fils de Yekel, qui vit à Cracovie, un trésor fabuleux repose sous le fourneau ! »
Eisik remercia le chef des gardes d'avoir su le remettre dans le droit chemin. Il revint chez lui et déterra son trésor.


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ahhhhhhh alors, voilà notre Diane-pieds-sur-terre qui commence son long voyage elle aussi, propulsée par Théo !! Bravo, j'adore, je suis certaine que Flo et Christiane sont d'accord avec moi : ce texte, Mahamat, c'est un gros morceau, c'est le pivot de l'histoire - situé en plein milieu peut-être, ou au debut de la troisieme partie .. l'avenir, l'avenir seul nous le dira !
Bon samedi les amis ! je vais cogiter autour du Graal moi, maintenant, en m'occupant de belle-maman, c'est malin ! :ange:
CC

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Ah oui! c'est très bien, un texte charnière, si bien écrit et foisonnant d'idées! Quelle imagination!

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C'est une belle leçon de modestie, il y a tout : imagination, splendide écriture, musique - et plain-chant -, talent du conteur, poésie. ET la maitrise quasi parfaite du rythme textuel - quoi, je lui passe la brosse à reluire ? pas du tout : je dis ce que je pense .. et quand je penserai le contraire, je le dirai aussi .. Promis, juré, craché et tout .
CC
Mahatma Bandit

Oufff merci :do! , je craignais d'avoir poussé un peu beaucoup mémé dans les orties :et:
Je suis fasciné par le bouddhisme etc mais je m'en sens aux antipodes niveau sérénité et détachement ; je mets trois mots sur une page et ma vie en dépend

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si ça te console, moi itou " ma vie en dépends" ! maintenant, voudrais-je être détachée, anyway ? non. J'aime .. ben tiens, j'aime bien être comme je suis ( paf, mes chevilles !!! )
Allez, soyez patients, mes vous trois : j'arrive dnas ( je compte : DIMANCHE, LUNDI, MARDI, MERCREDI .. dans quatre jours et une brassée d'heures !



CC

Sorry, j'avais écrit un message et pfiout! tout s'est envolé.

Donc, je disais que je trouvais cette partie très à sa place, avec une sorte de miroir avec le texte d'Aliénor chez Luigi et les flash back de Théo.

Super développement avec un approfondissement de la notion "éveillé -connecté" qui donne envie de relancer l'histoire...

Pour la cohérence suivie, cela demandera juste deux petits ajustements, l'un chez Cricri, où il faudrait peut-être supprimer le premier paragraphe de sa dernière intervention, car Luigi est clairement au courant de tout et ne peut se poser toutes ces questions.

Il faudrait aussi que dans le texte de Mahatma, on spécifie plutôt que Luigi change d'endroit tous les 30 ans. Sinon comment aurait-il pu apercevoir les deux enterrant le coffre dans le champ? Ou alors c'est qu'il les suivait, ce qui est tout-a-fait possible, vu son intérêt pour le coffre. Dans ce cas, il faudra le signaler quelque part question cohérence.

C'est incroyablement motivant d'avancer dans ce récit et d'en faire un ensemble qui sera un petit roman.

Je vais aussi essayer de m'y mettre pour la suite !
Mahatma Bandit

Une autre chose que je trouve intéressante et qui m'attire dans ce jeu d'écriture que tu as lancé, c'est la durée. Il va durer plusieurs mois, alors que le plus souvent, sur un forum, on a une durée de vie d'un sujet de quelques jours et ensuite on saute à autre chose. Là, on est moins dans le jetable, je ne veux pas dire par là que les autres sujets sont à jeter, j'y ai moi même parfois participé avec joie mais le fait est qu'ils se sont assez vite éteints, et la sensation de durée de celui-ci m'est agréable, c'est bien qu'au milieu des allumettes, brûle et brille un feu plus permanent.

Oui, je corrigerai de toute façon l'ensemble de mes parties à la fin, parce que, postant en tant qu'"externe", je ne peux pas éditer mes messages. Mais sois sûre que ce sera fait, je suis un serial correcteur, jeudi dernier à mon atelier d'écriture, ils m'ont appelé pour me calmer gentiment :do! j'en étais à l'envoi de la... 9eme version "définitive" du texte

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J'ai modifié comme j'ai pu, cela fait très reprisage, mais vois toi-même ce qui ne va pas encore.
isa

J'adore, vous avez entrepris un chantier de géant, là... Et je continue à imaginer ce que ça va faire fini, soit en version numérique, avec liens hypertextes, soit en version papier, et là le lecteur aura à faire lui-même les liens. Mais c'est passionnant.
(proposer à un éditeur, même?)

bises et bon courage à tous les quatre
Mahatma Bandit

Merci Isa ! Je suis pour en faire quelque chose. Et je pense que tu pourrais participer, parce que je ne sais même si on a atteint la moitié. Mais bien sûr, si tu as envie.

Ce jeu d'écriture m'a même donné une idée pour mon recueil de nouvelles. J'ai pensé à l'enchaînement, à la cohérence etc et j'ai eu l'idée de faire commencer chaque nouvelle par la dernière phrase de la précédente (adaptée s'il faut) pour donner une unité à ces histoires différenrtes. Décidément, quelle source inépuisable ce jeu !
isa

est-ce que tu connais le film "memento"? sinon, regarde-le, il est fabuleux de ce point de vue : un peu comme pulp fiction mais beaucoup plus complexe encore, fait de petits bouts, classés en deux parties, une partie noir et blanc qui va dans le sens chronologique, une partie en couleurs qui va à l'envers. Ce qui fait que au début du film, on n'y comprend absolument rien, comme le personnage principal d'ailleurs qui a perdu sa mémoire à court terme. Votre roman m'y fait penser avec sn côté un peu éclaté.

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J'ai vu plusieurs fois ce film, je le trouve fascinant, il faut le voir plusieurs fois, je l'ai enregistré en version originale sous-titrée Fr, et en version française, car il y a a des différences, qui permettent de mieux comprendre.
C'est aussi le même réalisateur, Nolan, qui a fait "le prestige", très bon film aussi!

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Le fil rouge - the red thread, ici, c'est un bon 'système" enseigné dans les creative writing classes, à l'université.
Le fil rouge sert à attacher les chapitres de l'un à l'autre - il est conseillé de "perdre" le fil rouge dans les textes .. un peu ( pour celles qui cousent) comme un gros faufilage qui se voit de temps en temps pour disparaître et revenir.
Mais .. bon, mon problème, justement, c'est que je suis rétive à tous les systêmes. C'est pourquoi j'aime l'écriture de ce jeu - qui n'a de jeu que le titre : pour moi, en tous cas. C'est plus qu'un jeu - Je m'y sens tout à fait libre , c'est la première fois que j'éprouve une telle liberté en écrivant en collaboration.

( encore 48 heures environ )
CC

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Depuis plusieurs jours, Fang Yin se fait du soucis pour Carinne. Elle ne le montre pas. Personne ne pourra déchiffrer le moindre signe d'inquiétude sur le visage lisse de la jeune femme. Seule, Hoa devine.
- Dis moi ce qu'il y a, maman ?
- Rien, je n'ai rien
Hoa ne dira pas à sa mère qu'elle ment, ce ne sont pas des mots permis. Mais elle le pense. Elle se contente de regarder Fang intensément, et sans sciller. A tel point que Fang détourne la tête
- ah ! tu vois ! alors, c'est quoi ? demande Hoa
Fang soupire, :
- Rien de grave, un nuage cache mon soleil : il me semble que Carinne est triste
- C'est pas "il te semble", coupe l'enfant . Elle est triste. Moi aussi j'ai bien vu que ...
Elle laisse sa phrase en suspens, soupire à son tour :
- Tu crois que c'est Farid ?
Fang s'émeut sous la question, se reproche d'en avoir trop dit, s'ébroue :
- Laisse, ce ne sont pas des histoires de petite fille.
- Maman !
Hoa est choquée : sa mère l'a habituée à tout partager avec elle, ne lui a jamais rien caché, la traitant toujours en égale, en soeur plus jeune, en amie ; ignorant sperbement leur différence d'âge, et de condition. Et jamais dans sa bouche, ces mots un tantinet péjoratifs " de petite fille"... En voilà bien d'une autre. Hoa se campe résolument devant sa mère :
- Ecoute, si tu te fais du soucis pour Carinne, on partage, y'a pas de raison. C'est pas normal que tu gardes tout pour toi, tu sais bien. Surtout quand c'est lourd. Alors, dis-moi ?
Puis, à voix plus basse, un peu hésitante :
- Et je ne suis pas une si petite fille, je suis même la plus grande de toute la classe..
Elle prends sa respiration et lache tout un collier de mots, ensemble, d'un bloc :
- Puis-moi-aussi-j'ai-du-soucis-pour-Aliénor...
Elles se regardent et restent muettes : il leur arrive souvent, ainsi de se comprendre sans parler. Hoa se reprends la premiére.
- Je vais en parler aux autres et à Théo, on ne peut pas laisser les choses ...
Elle continue, un peu confuse, un demi-sourire en coulisse vers sa mère :
- Je veux dire : on ne peut pas toujours laisser les choses se faire et se défaire en dehors de nous.
" Je vais en parler aux autres et à Théo ", répète-t-elle, regard au sol, la frange noire rabattue vers la porcelaine de son visage. Fang Yin sait parfaitement qu'il est inutile de dire quelque chose, Hoa est déterminée et n'en fera qu'à sa tête ; et fera bien. Fang admire craintivement l'enfant qu'elle a portée, mise au monde ; et élevée depuis dix ans dans le respect et la confiance. Elle s'admire elle-même, étonnée d'avoir réussi une oeuvre aussi parfaite, cette enfant longue et fine, en blanc et noir, les yeux fendus, la bouche délicate, les oreilles en jouets d'ivoire, le luxe des mains palpitantes de vie et de passion.
- Tu feras ce que tu dois, dit-elle enfin.
Hoa relève la tête et sourit sans répondre.
........

Une ombre est passée la nuit dernière, sous les grands arbres, dans le jardin de Dorothée. Elle a cru reconnaître Alix, sa soeur la plus jeune, celle qui est partie chercher gloire et fortune au Nouveau Monde et dont on n'a plus entendu parler depuis presque vingt ans. Celle à qui elle parle parfois, aux soirs sombres, quand tout le monde dort ou fait semblant, et qu'elle écrit des mots dans sa tête, silencieusement, au milieu de ses insomnies. Les mots s'effacent au matin, elle n'a jamais eu le temps, le courage, l'ardeur, de les transcrire en encre bleu sur papier. Papier ? ses cahiers de poésie, il y a longtemps qu'elle ne sait plus ce qu'ils sont devenus.

L'ombre s'est glissée dans le sous-bois, au fond du jardin, par la brêche dans le muret démoli. Depuis, Dorothée pense à Alix sans arrêt. Il n'y a plus qu'un moyen pour la retrouver : s'adresser à Aviva, cette folle qui se prend pour une médium. Déjà, lorsqu'elles étaient enfant, elle prenait des airs d'arriver d'ailleurs, d'en savoir plus que tout le monde. Les autres marchaient et avaient fini par développer une sorte de peur mélée d'admiration pour la petite fille aux yeux sombres qui leur prédisait les pires malheurs d'une voix volontairement caverneuse, sourcils froncés. Seule, Dorothée gardait les pieds sur terre et ne croyait rien à ces simagrées : elle le lui avait bien fait comprendre un soir, alors qu'elles revenaient ensemble vers leur quartier, au bout de la ville. Aviva l'avait alors regardée en souriant : " Tu ne me crois pas, je le sais et c'est très bien : toi, tu es même au dessus de moi : tu as plus de pouvoirs que moi. ... Tu sauras, plus tard "
Parfois Dorothée repense aux mots d'Aviva et sourit : quels pouvoirs ? et qu'en a-t-elle fait ? Elle regarde en arrière, elle peut voir une longue série de jours s'enchaînant les uns aux autres, uniformes et sans heurts, coupés de ci de là par une naissance, un accident, une fête, des gens qui vont et viennent, des départs - et par dessus tout ça, bien caché au fond de son coeur, un peu comme si elle en avait honte, l'amour. Tu parles d'un pouvoir !

Et quand donc arrivera ce "plus tard" porteur de connaissance ?

Dorothée secoue la tête, chasse les pensées importunes, égoïstes : il ne s'agit pas d'elle, mais de retrouver Alix. Il le faut, c'est devenu une certitude, soudain. Donc, téléphoner à Aviva.

Elle ouvre son portable rouge.



Dernière modification le 14-05-2009 à 13:35:40

Derni?re modification le 14-05-2009 ? 13:36:15
CC

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J'aime beaucoup cette suite, et elle nous entraîne dans de nouveaux méandres, avec des mystères que peut-être nous n'éluciderons jamais! Nous allons finir avec un "roman" plus long que le Don Quichotte de Cervantès...

Je relirai demain. Si j'ai bien suivi le fil (rouge), c'est à Flo de poursuivre...


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je ne sais pas, je crois que j'ai bousculé Florence au passage ? j'espère que non !
CC

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D'après le retour en arrière, non. C'est je crois dans le bon ordre des interventions!


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