Parmi le peuple des insolites...




Marcel Kanche, Vertiges des Lenteurs, Label Bleu 2006


Parmi le peuple des insolites, parmi le groupe des loups et le sous groupe des révoltés, classe des experts en solitude et espèce des chanteurs qui ne chantent pas, montrez-moi le poète.
Marcel Kanche, il s?appelle, ou ne s?appelle pas toujours. Irritée d?une si belle voix qui ne chante ni ne parle, je suis un moment arrêtée par mes catégories, et puis le dessin d?un piano lent, d?une basse musclée mais discrète, d?un swing éminemment , finissent par me faire oublier.
On verra demain, hein, pour le classement.
En attendant, je suis tombée moi aussi dans le vertige des lenteurs, celles qui permettent enfin de saisir les mots comme événements sonores et fils de tissage musicaux.
Les mots, ils glissent presque tout seuls de l?ombre de Marcel Kanche, somptueux, presque flamboyants quand ils sortent, beaucoup moins énigmatiques que Ferré, beaucoup moins fluides que Bertin, mais puissants, puissants. Chaque rime est une reconnaissance et un embrassement, chaque non rime une nécessité. Les vers ne sont pas réguliers, et pourtant l?architecture ressemble à une tragédie lyrique. Comme l?oiseau qui feule dans le ciel, la stèle dont sort la femme, le désir reconnu dans l?odeur.

l?oiseau lisse
Petit calibre fantaisiste
Du haut des parchemins d?argile
Je guette les fois, rebelle
Où tu glisses de ta stèle
Fièvre lente sous tes cils
Un peu de goudron sous les bras
Lèvres jaunes pelées sur l?arquebuse
Devant la faux cinglante de joie
(?)
Tu le verras l?oiseau lisse
Qui feule dans tes cieux
Rouge comme l?humus
Agile comme les pluies
Qui se posent sur tes paumes
Et encore il tend les bras
Et encore il les tend
Des gouttes écarlates sur le corps



En marge de tout, il suit son chemin, de parcours atypique en parcours agité,sur fond de nature toujours, de composition et de musique souvent, parfois d?art aussi et d?écriture. L?accompagnent, John Greaves, Mino Malan, Mathieu Chédid, Yuri Buenaventura.

Mais toujours en méditation, et en amour, et en lenteur, et en vertige.

Ecouter cet extrait du poème De l?eau
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