Lorsque vous envoyez un texte à une maison d\'édition...
Mahatma Bandit

... Soyez prêts à tout et blindez vous d'avance. Souvent, vous ne recevrez rien, ou une lettre type tirée à des milliers d'exemplaires et envoyée à tous les prolétaires de la plume. Parfois, vous recevrez des réponses personnelles, écrites à la main. Ne vous réjouissez pas trop vite de voir une écriture manuscrite, elle n'est pas forcément là pour vous encourager, elle peut aussi être là pour vous calmer :do!

La preuve, ce délicieux courrier qu'une maison d'édition m'a envoyé le 9 septembre, au sujet de mon recueil de nouvelles.

Monsieur Méliade, votre recueil de nouvelles ne brille pas par ses histoires attachantes, touchantes ou drôles. Le lecteur ne trouve aucun intérêt à ces histoires, malgré la particularité de certains personnages. Par ailleurs, le style n'est pas particulièrement détonant, plutôt simple et banal. De plus, la plupart de vos dialogues sont fades, comme ceux entre Apolline et ses amies

Quand vous recevez un truc comme ça, pas de panique.

1) Enervez-vous un bon coup, ne faites pas semblant que ça ne vous affacte pas, ce n'est pas vrai, vous en chiez, inutile de garder ça en soi en faisant le beau, il vaut mieux dégager les énergies génantes. Créez de nouveaux jurons, allez accrocher un tableau, maudissez l'ultralibéralisme, bref, défoulez-vous un peu.
2) Dites-vous que la semaine prochaine, une autre lettre vous dira peut-être exactement le contraire. Peut-être qu'elle se trompera, elle aussi, dans l'autre sens, d'ailleurs. Peu importe, penchez quand même pour cette deuxième version.
3) Dites-vous aussi que si cette maison d'édition vous a écrit à la main, en citant même un de vos personnages, c'est que votre manuscrit ne l'a pas laissé indifférente, qu'il semble avoir été lu, que quelque chose semble les avoir titillés, sinon, vous auriez eu droit à la lettre-type, comme c'est le cas très souvent.
4) Si on vous fait en plus, outre ce genre de commentaires peu flatteurs, une remarque très précise, stylistique, sur un point vraiment particulier de vos textes, ne la jetez pas tout de suite à la poubelle, testez la sur un texte. Il peut arriver qu'au milieu d'un refus, se trouve un bon conseil.
5) Ecrivez un autre texte le plus vite possible, dès que vous pouvez, pour reprendre la main, ne pas laisser le dernier mot à une sorte de "sentence" prononcée contre vous. Cette sentence n'existe pas. Votre texte n'a pas plu à cet endroit-là et à ce moment-là. Cela arrivera très souvent, mais pas toujours, il arrivera même que ce soit le contraire.


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Hors-ligne
des noms des noms!! c'est qui qu'a osé dire cela. En plus le style, même manuscrit de cet excellent éditeur, n'a rien de transcendant.
je crois au contraire que ets histoires briellent par leur originalité, qui sous des dehors très simples vont forer loin dans l'imginaire, la mémoire et la fantaisie.

Mais il y a aussi de sgesn qui ont peur de lire de peur d'être touchés, émus, émoustillés.

N'empêche, ça m'intéresserait d'avoir des noms...


Mahamat, cela m'est arrivé si souvent que je me suis tout doucettement blindée. Mais ça me fait jurer à l'intérieur, et je compatis, oui. Zut de zuttre ! c'est vache

La meilleure que j'ai reçu, je l'ai encadrée. Elle provient d'une éditrice québécoise - les femmes-éditeurs ont, je ne sais pourquoi, la dent plus dure que les hommes de même tonneau. Je suis très faible en ortho/typo, mais sa réponse me laissait loin derrière elle sur ce point : j'y ai relevé douze fautes d'orthographe et sept fautes de français. J'ai pensé que la brave dame a simplement cru que j'étais américaine, d'apres mon adresse evidemment, et qu'elle m'avait méchamment sanctionnée pour le principe. Sans rien lire. D'ailleurs, elle s'est référée à l'ouvrage en faisant erreur sur le titre, trois fois.

Le Web est en train de signer l'arrêt de mort des éditeurs sans consistance, je le sens, je le vois depuis quelques mois, et cela s'accélère. Je ne m'en plains pas, excusez-moi si je vous semble dure. On a assisté à un véritable boum dans l'édition, depuis les années 80', tout le monde devenait éditeur - entendez : tous ceux qui ne pouvaient pas "écrire" ( ha ha !). Ils recevaient même des prêts et autres aides gouvernementales, en France, et au Canada (je ne sais pas en Belgique). Pourquoi ne se seraient-ils pas lancés ? Mais dans le lot, bien peu sont assez professionnels pour critiquer, juger, ou donner des conseils. je m'en méfie plutôt.

D'où délire de puissance de leur part : Mahamat, bien entendu, nous devons prendre leurs remarques en considération et ne pas pêcher par orgueil.. mais tout de même, ne t'aplatis pas trop. Tu risquerais de sectionner ou de changer des choses qui font ton style, et ce serait grandement dommage.

C'est pour cela que je recommande de s'adresser aux grands éditeurs AUSSI. Eux sont courtois, pour la plupart.Si on passe par un écrivain-lecteur, et si on a la chance de pouvoir l'approcher nominativement, on multiplie les chances d'avoir notre manuscrit AU MOINS L.U. , tonnerre !! Pas juste feuilleté.....

Et en conclusion, tu vas faire quoi, maintenant ? J'espêre que tu ne vas pas te laisser démolir ?

Et puis, bien contente de te revoir :ttb:
Mahatma Bandit

Coucou, ce n'est pas tellement pour moi que je postais le dit message,même si ce genre de poulet est désagréable à recevoir, j'ai quand même un bon "matelas" pour ne pas me casser en morceaux (12 publications derrière, collaborations avec des organismes et institutions qui m'ont carrément survalorisé, etc). Mais je pense à quelqu'un qui démarrerait, qui commencerait à envoyer des manuscrits et qui recevrait ces doux mots et les 1)... 5) s'adressent donc plutôt à eux.

J'ajoute d'ailleurs à ce premier message de tout à l'heure, qu'il peut aussi y avoir une question de goût, tout bêtement. L'éditeur n'aime pas le style ou le fond de ce que vous écrivez. Ça arrive et ce n'est pas forcément si mauvais signe, ça veut dire qu'au moins vous avez un style et un fond ^^ Et qu'il a des chances de plaire à quelqu'un d'autre, pour les raisons mêmes qui ont provoqué le rejet du premier (ça m'est arrivé).

Ce que je vais faire ? je continue à envoyer, tout bêtement. Mais je tiens compte des remarques quand elles sont précises (par exemple, Florence m'avait une fois dit ici-même qu'un de mes débuts de nouvelles était très confus, et c'était parfaitement exact, la lecture en était très pâteuse, et je l'ai réécrit illico pour la version recueil, faut pas être sourd.

De même, pour mon "je reviens de loin" qui va sortir début 2010, le relecteur m'a fait, sur les épreuves,des très bonnes remarques, par exemple sur des tics de langage dans la narration (ex "avoir l'air" revenant plus de 60 fois) et je les ai acceptées, parce qu'elles étaient justes, tout simplement. Déterminé, mais pas sourd. D'un autre côté, je peux refuser d'autres remarques, c'est très bien fait, j'ouvre le fichier de mon roman que l'éditeur m'envoie, là il y a des sortes de petits Post-It dans la marge gauche de chaque page avec une case "accepter la modification proposée" et une autre "rejeter la modification", je coche la case que je veux, avec affichage à volonté de soit la phrase originale, soit la phrase modifiée. Mais là, on est quasiment à l'embouchure, c'est la correction finale, le roman est sur le point d'être publié, donc il bénéficie de beaucoup d'attention (une fois, pour "Ludivine et le Grand I", j'ai même estimé que l'éditeur possédait mieux l'esprit du texte que l'auteur, il l'avait encore mieux compris que moi, mais c'est un cas extréme et unique, ce monsieur était tout simplement hallucinant de profondeur et de justesse).

Les remarques de la lettre que j'ai citée dans le premier message sont, elles, trop générales pour apporter une amélioration, parce qu'elles se situent à un stade très en amont de la publication, celui de l'"écrémage", les 99% de manuscrits reçus qui sont rejetés au premier stade, je suis d'ailleurs étonné que, ne trouvant rien de positif dans mon manuscrit, la personne se soit donnée la peine de m'écrire à la main, peut-être dans un but "pédagogique", pour marquer le coup. Quand je serai milliardaire et mondialement célèbre, je l'inviterai sur mon yacht pour lui offrir sa propre lettre en or gravé avec un encadrement diamant, hyark, hyark, et avec Nicolas, Carla et les auttes, on rigolera bien et on fera une grande fête décadente (non, Silvio, on avait dit des filles majeures).
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