Ibidem - 3. Dans le feu du bleu

1 appréciations
Hors-ligne
Il vient à moi comme à un pélican
dont le cœur est ouvert pour tous dans ce monde
dont le cœur est ouvert pour tous les oiseaux
aimer le monde entier et n'être aimé de personne

- Annie Ebrel, Ar galon digon

Plinn, Ossian et Yann Fañch Kemener au chant :






Ibidem
3. Dans le feu du bleu


Je ne te mangerai pas tout de suite
dit la terre à la plante de mes pieds

la lune est dans le cerf
et toi tu restes verte
dans la première direction
le bleu reste vert
le jaune reste vert

Et changent les nouvelles pousses à vue d’œil. À chaque seconde sa couleur, à chaque pousse sa plus grande et sa plus petite.
,
et vous marchez sans vous séparer
en glissant sur les rochers

la terre mangerait quoi ?
sans voix je parle
sans moi tu marches
la science et la foi
disent que je n’existe pas
où sont les autres ?

dans la deuxième direction
-où sont les autres ?-
le rouge des légions
nous nous peindrons nus
nous nous peindrons les uns les autres
bleus et nus nous combattrons

La lune est dans le cerf et il ne gèlera peut-être plus cette année. La lune est dans le jour, la lune pleine de soleil. Tu cours et la lune court avec toi, de plus en plus ronde. Où sont les autres ?

et tu es belle
comme une corbeille remplie de fruits
ils ont rasé le village
et piqué nos plus belles têtes
au bout des branches taillées
tu es belle et tu vis
tous tes bijoux et bracelets
cachés au creux d’un arbre
pour payer ton passage

Où sont les autres ? Tu saignes blanc argenté, ce n’est que la lune. Tu saignes nacré, tu cours vers la troisième direction le long de la rivière et ta trace est un chemin de perles dans l’eau.

la lune est dans le cerf
le cerf dans le soleil
et le soleil dans toi

La nuit, tu as froid. Tu te fais un nid de feuilles et, au milieu du cercle vert tu te demandes si tu reverras un jour les tiens. Peut-être qu’à ton retour, il y aura des gens mais aucun ne te ressemblera.
Où êtes-vous ?

dans la quatrième direction
tu dors et tu as froid
où êtes vous ?
je t’envoie des songes
tu trembles
et tu ne les rêves pas

la lune est dans quoi ?
l’Empire et les miens
disent que je n’existe pas
où suis-je ?
pourtant si je ne suis qu’une histoire
je ne finis pas là

Bleu est ton corps nu. Tu ne veux pas la guerre. Bleues tes mains tendues vers le reste du monde. Bleu ton nid d’amour qui couve les amours du dieu et de la déesse.  Où suis-je ? Tu pleures parce que tu ne veux ni pleurer ni faire pleurer. Et chaque chair te blesse d’amour.

tape trois fois puis deux fois
tape
tape comme si tu tapais sur moi
pour me dire que je n’existe pas
où suis-je ?
tape pour me dire que je n’existe pas
mais que tu m’aimes
tape deux fois puis trois
et cherche la cinquième direction

Le bleu est dans la lune, la lune est dans toi et toi tu resteras toujours là, plantée dans le sol souple qui prend très doucement tes pieds puis les pieds de tes pieds et les abreuve avec tout l’amour du monde.

Bleues les pousses sur toi, bleus les bijoux au creux de l’arbre, bleue l’ombre de la lune qui brûle.
Et la cinquième direction c’est chez toi.

À présent et pour longtemps
au carrefour de tous les chemins où tu as couru
calme et planté dans la lune
un arbre bleu
te ressemble












Remercie pour la lumière du jour
pour ta vie et ta force
-Tecumseh, chef Shawnee


*
Avatar : Déesse Epona, bois de chêne, alliage cuivreux, tôle d'argent et pâte de verre, Ier-IIème siècle, Saint Valérien, Bourgogne (actuelle Yonne)
Vous ne disposez pas des permissions nécessaires pour répondre à un sujet de la catégorie Poésie (Atelier).

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 81 autres membres