Oiseaux d'hiver- 8. Toi qui abrégeais l'hiver

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Vous êtes fiers d'une maison magnifique, comme si elle ne pouvait ni prendre feu ni s'écrouler
Sénèque, 1er siècle
 

I won't go for more, par Selah Sue !



Oiseaux d'hiver
8- Toi qui abrégeais l'hiver


Grâce à toi
nous avons pu sortir enfin
à peu de choses près
les saisons étaient toujours les mêmes
à peu de choses près
la variété des animaux et des plantes

la pierre était-elle lasse ?
hier encore fière
la tombe est arrivée ce matin même à terme
au bout de son lent soupir solide

grâce à toi le long sexe d'or a rouvert ses yeux
et franchi la barrière
 
au fond du jardin
s'accéléraient les cycles
feuilles fleurs et fruits se touchant presque sur la même branche
en même temps

en plein centre du terrain
un écran posé
à moitié caché par les hautes herbes
sans prise ni antenne
et pourtant il était allumé
oui
grâce à toi
l'Europe avait de la soul
l'Europe avait du groove
elle avait toi

et soudain tout n'était pas à vendre

devant ?
en face de la terrasse où se donnaient les réceptions aux beaux jours
tout semblait encore fluide et mesuré
le devant de la scène suivait le rythme des notables

toi tu chantais tu bougeais tu vivais sur l'écran
ils trouvaient du dernier chic de t'avoir avec eux dans le jardin
ils étaient fiers de toi
pesaient ton cœur et le prix de tes chansons
et combien d'exemplaires en plus grâce à ta dépression

toi en cachette tu ouvrais les tombes
tu nous décachetais comme on embrasse l'enveloppe d'une longue lettre d'amour

ils défaisaient le monde autour de la table
en ôtaient quelques espèces de plus
signaient des contrats avec le sang des autres
à peu de choses près
cela ressemblait au temps d'avant la pierre dont ils avaient coiffé nos corps
pour nous faire taire

mais il y avait toi
toi qu'à présent ils essayaient d'éteindre
sans savoir comment s'y prendre
-depuis longtemps ils ne savaient plus se servir de leurs mains
maintenant ils les portaient à leur cou pour retenir ce sang qui s'échappait-

peut-être s'ils avaient chanté avec toi
peut-être
auraient-ils vécu

toi tu abrégeais l'hiver
tout s'ouvrait de l'intérieur
à présent les tombes étaient vertes
ce n'était même pas encore le printemps
et grâce à toi l'Europe ovulait

ils avaient compris trop tard
que ton chant les tuait
tout en nous donnant la vie

grâce à toi
les tombes étaient vertes
nous naissions par milliers

et lentement
longuement
ta bouche amoureuse ouvrait les jambes du jardin



Dernière modification le samedi 24 Février 2018 à 14:20:07
Remercie pour la lumière du jour
pour ta vie et ta force
-Tecumseh, chef Shawnee


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Avatar : Déesse Epona, bois de chêne, alliage cuivreux, tôle d'argent et pâte de verre, Ier-IIème siècle, Saint Valérien, Bourgogne (actuelle Yonne)
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