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"Comment sais-tu que c'est le mien ? me moquai-je. Il y a beaucoup de perroquets dans la forêt. — Celui-là te ressemble, tiens"
Mario Vargas Llosa, l'homme qui parle
Melocoton, Colette Magny :
... Pas moins printemps. 3. Là où le courant nous permet de revenir deux par deux
Regarde, ce fut un pays, on s'interpellait gaiement d'un bord à l'autre de cette rivière que tu ne
vois pas, elle passait exactement au milieu de ton corps.
n'aie pas peur ne te recule pas
aucune rivière ne passe à présent à l'endroit où tu te tiens
-c'est d'ailleurs dommage c'est bien la meilleure chose qui pourrait t'arriver
tu te tiens là mais sans toi -
il fut un temps pas si lointain
en réalité c'était encore le cas au matin même de cette journée
oui pas plus tard que tout à l'heure
chacun poussait en riant sa barque vers l'autre pour qu'il l'attrape
et le rejoigne au plus vite
regarde
peux-tu les voir
veux-tu les faire venir
es-tu capable de les rappeler un instant ?
comme si rien n'était arrivé
comme si le feu ne s'était pas versé dans l'eau
l'eau dans la terre
la terre dans le ciel
J'ai la nostalgie de ce pays, ce n'était pourtant pas le mien, je te le
fais simplement visiter pour que tu témoignes, pour que là-bas où tu survis,
les tiens puissent rêver d'ici et le raconter à leur tour.
peu avant midi tout a changé de place
maintenant
alors que le soir commence à peine
tout cela qui vivait s'aimait et se mangeait
tout cela tient dans une seule boîte
un infime carré de terre nue semée de graines
À la place, il y a cette forêt et cette autre rivière mais qui coule plus haut, son bruit est un peu plus aigu que celui de l'ancienne, quand tu approches du courant tu croirais entendre une enfant qui chante. Ici le monde est jeune, ici nous refaisons tout.
Nous recommençons mais sans nous. Nous créons les conditions pour que certains noyaux s'entourent de couronnes prolongées de fils et tout cela est un tout jeune être qui chante et qui court en riant au milieu des arbres,
laissant dans chaque trace de ses pas un nouvel être qui se forme.
là où nous sommes les bêtes les plantes et les rivières ne se méfient pas
ou bien elles reconnaissent notre espèce
mais nous laissent prélever de quoi vivre
parce qu'elles savent que nous ne sommes pas plus de deux à la fois sur des lieues à la ronde
et que nous ne resterons pas longtemps
nous recommençons
mais sans nous
la vie ne parlera plus le même langage
elle marchera sur d'autres chemins
pourtant nos corps passent en ce moment même au milieu de la nouvelle rivière
parce que nous ne sommes pas plus de deux
elle nous laisse faire
je crois même qu'elle y prend un certain plaisir
la preuve
sans barque rien qu'avec le courant nos simples mains se touchent et se rejoignent
Dernière modification le mercredi 23 Décembre 2020 à 00:55:02
Remercie pour la lumière du jour
pour ta vie et ta force
-Tecumseh, chef Shawnee
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Avatar : Déesse Epona, bois de chêne, alliage cuivreux, tôle d'argent et pâte de verre, Ier-IIème siècle, Saint Valérien, Bourgogne (actuelle Yonne)
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