.... Pas moins printemps. 8- Ce que la Chocani avait de moi, ce que j'avais d'elle

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À chaque fois qu'entre la nuit, Llorona,
Je me prends à penser et je dis
à quoi sert d'avoir une chambre
si tu n'y dors pas avec moi

La Llorona, traditionnel mexicain, version chantée par Angelica Aguilar :






... Pas moins printemps.
8. Ce que la Chocani * avait de moi, ce que j'avais d'elle


l'ombre qui progressait dans la chaleur
semblait frottée de rouge
tapant doucement du talon sur la terre de la plaza
pauvre sol ignoré des pluies
tapant du talon pour marquer le rythme de son cœur

le vent muet entrait dans sa tête et soufflait d'une oreille à
l'autre
et cela formait une sorte de sourire d'air

qu'il m'emporte le vent muet si tu ne m'entends pas
qu'il respire et crie à ma place
qu'il soupire du soupir de l'animal lourd de sa journée de chasse
qu'il compte ses petits
le vent
et tienne jusqu'au jour sans en perdre un seul

qu'as-tu fait de ton visage ?
où est ta bouche si mobile
qu'elle parle même quand tu te tais ?

la chaleur qui pénétrait jusque dans l'ombre
fatiguait les roses qu'elle tenait dans ses mains
c'était cela le rouge
rouge des pétales qui tombaient d'elle
rouge profond et grave
feu dérisoire face à la nuit

qu'elle entre sous ta robe la nuit
et qu'elle te déshabille de toute fleur
je te veux nue comme un animal qui ne sait pas qu'il est nu
nue et désarmée comme la main face à la porte qu'elle ne sait plus
ouvrir
qu'elle ouvre une bouche dans le sol
la nuit
et te caresse jusqu'au matin

qu'as-tu fait de moi ?
un arbre de feu plongé dans l'eau
un bouillonnement d'étoiles
dont on ne sait plus si elles furent ou seront
et comme toi je porte mon cœur dans mes mains

à présent nous étions deux ombres et deux chaleurs
deux corps noirs dont la trace rougeoyait
semaient des braises à la volée
pour que le feu prenne et emporte tout
que brûle cette terre de misère qui n'aime pas assez les siens

ce soir le peuple mangera de la lumière
et boira notre cœur brûlant
nos mains jointes tiennent deux roses
et nos poings nus frappent au portail de l'église
dieu ouvre-moi je ne t'ai pas trahi je t'ai toujours tué de tout mon cœur
Santa Virgen ouvre-nous et couvre nous tous les deux de ton seul manteau semé d'étoiles

Santa Muerte abreuve-nous du sang des sacrifices anciens
les pierres en ruissellent encore
ce soir le peuple oubliera la langue des maîtres

bien que désapprouvant nos rites
le padre nous a ouvert en se signant et nous n'avons pas disparu dans un gouffre
nous avancions vers l'autel au milieu de couples de bougies
soudées l'une à l'autre par la cire fondue des longs chemins

ce soir deux roses s'agenouilleront ensemble
les crânes s'ouvriront
ouvriront de nouveaux yeux
et nos cœurs connaîtront leurs secrets

pleines les mains du sacrifice
pleines douces et fleuries

que mille oiseaux se posent
sur la plaza bordée d'arbres
que sa terre généreuse soit tendre à nos pieds nus

et nos cœurs se diront leurs secrets

ta bouche
c'est moi qui l'avait
et toi mes mains





* Nom de la Llorona en nahuatl.


Dernière modification le mardi 17 Juillet 2018 à 14:03:20
Remercie pour la lumière du jour
pour ta vie et ta force
-Tecumseh, chef Shawnee


*
Avatar : Déesse Epona, bois de chêne, alliage cuivreux, tôle d'argent et pâte de verre, Ier-IIème siècle, Saint Valérien, Bourgogne (actuelle Yonne)
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