Pluies, III et IV

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... Le soleil dans tes yeux qui vient entre moi et la lumière du ciel...l
- Louis de Paor/John Spillanne, chanté par Karan Casey

- Karan Casey, Buile Mo Chroí/Beat of my heart



Pluies

III. Liliale

Pour le moment
il n'est d'anneau que taches
orbes brefs sur la robe d'un fauve
cela semble une fleur
comme d'habitude on achète et on vend
comme d'habitude on se lève et on se couche
mais les pieds se relaient
chevilles et épaules décalées se connaissent

  seuls vont et viennent
  couche après couche
  seule la profondeur

pour le moment
le rythme est encore un peu prudent
on naît on vit et on meurt dans le cercle
on n'ose pas sauter de l'un à l'autre monde dans la même journée
nu le fût de l'arbre
nue la famille des loutres
bien rangées par ordre de taille
pour le moment
on croit encore
que l'embouchure suit le fleuve qui suit la rivière qui suit le torrent

  serrez
  serrez fort
  de mondes il n'en est qu'un

  seul le sol
  les bras proches
  les uns dans les autres
  seul sourit

maison autour de la taille
un sac en toile pour seul vêtement
chacun après sa journée se presse pour former la figure
et la projeter plus haut
  serrez
  serrez fort
  bourgeons de cornes aux fronts
  enfants et troupeaux mêlés

les premiers fous
commencent à s'endormir sans quitter le cercle
on continue de rentrer dans sa maison
on y revient toujours avec plaisir
mais ce n'est plus pareil
depuis que la Terre a penché son cou
et rêve de sa nuit de noces
la pierre elle-même se déplace
on déploie des mètres pour mesurer ses pas
puis on les abandonne

  seul l'anneau
  les souffles dans les souffles
  seul fait le tour


IV. Alluviale.

Gronde et perce et creuse et tasse par-dessus
sourd et point le germe
sexe vert ancre humide
  seul le pli
  secrète la source
  seul l'enfoui

champ fertile
ni froid ni noir l'espace
plusieurs générations se succèdent dans le cercle
de plus en plus ajustées au rythme de l'ancienne science
à présent les maisons sont devenues chaudes
on n'y revient plus que pour être ensemble
par jeu
entre les murs
  serrez
  serrez fort

  seul le souffle
  seul le proche
  insupportablement

enfants et troupeaux mêlés
apprennent aux grands et aux savants
comment placer leur corps
et la pluie
et la pluie
le ciel descend jusqu'au centre de la Terre
enseignent les seconds fous

sarcle et bine et retourne et nais au centre
yeux mains et pieds se dessinent sur le bulbe
  seul le sombre
  seul le dense
  vois le fond de la rivière
  vois le pont qui se forme
  pousses de ramures

  seul le souffle
  peut parvenir jusqu'à l'espace
  et le combler peu à peu
  os muscles et viscères le propulsent
  corps je t'en prie
  ne te détourne pas du feu doux qui progresse
  laisse tes pieds frapper en rythme
  laisse tes paumes s'ouvrir jusqu'au sang

  serrez
  serrez fort
seule joyeuse
s'orne enfin d'ailes
la cadence des odeurs profondes
qui remontent aux narines comme tirées d'un puits
certaines enchantent et d'autres font fuir
les morts tombent dans les bras des vivants
de plus en plus comprennent
  seul le souffle forme l'anneau
  enfants et troupeaux mêlés

  seul le souffle

Dernière modification le jeudi 01 Janvier 2015 à 02:05:06
Remercie pour la lumière du jour
pour ta vie et ta force
-Tecumseh, chef Shawnee


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Avatar : Déesse Epona, bois de chêne, alliage cuivreux, tôle d'argent et pâte de verre, Ier-IIème siècle, Saint Valérien, Bourgogne (actuelle Yonne)
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