Soleil sans disciples - 5. Le printemps et son ombre

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Hors-ligne
Je viendrai te chercher pour que nous fassions une cure de mer. Ce sera l’hiver et nous allumerons un feu.
- Lettre de Salvador Dali à Federico Garcia Lorca, 1928.

Spellbound, Siouxee and the Banshees, 1981 :





Texte principalement écrit avec le film La maison du Docteur Edwardes (vf)/Spellbound(vo), Alfred Hitchcock, 1945.

Soleil sans disciples
5. Le printemps et son ombre.

Je vois les lignes parallèles, les lignes parallèles sur fond blanc. Les seins du docteur Petersen me parlent le langage de l’inconscient. Je les entends souffler, tinter, me chuchoter mes propres secrets, Je descend  leurs sillons et quelque chose s’est passé là.
Quelque chose s’est passé là et je suis votre nouveau directeur. Je dois vous prévenir, je m’appelle John Ballantyne et j’ai tué John Ballantyne.
Oh, Constance, je veux vous aider à retrouver son corps.

savez-vous que le printemps a une ombre ?
depuis que mon berceau
a été secoué trop fort
je cours en rêve dans les bois
-dans mon rêve, je suis jeune et brune
je m’appelle Siouxee
je vis trente-six ans plus tard
ma chanson a le même titre que leur film
je suis peut-être leur enfant-
j’ai oublié à mon tour
je cours dans les bois
je ne sais même pas
si je poursuis mon ombre
ou si mon ombre me poursuit

Et à une minute vingt huit apparaissent les lignes parallèles dans le bois de Siouxee. Trente-six ans plus tôt, dans le train vers la Gabriel Valley, Constance et moi nous nous embrassons et les lignes s’écartent, elles nous laissent presque passer et, si nous les poussons d’un même mouvement, Siouxee sera peut-être notre fille parce qu’elle existe.
Dans le sexe attentif du Docteur Petersen,  je vois l’ombre du printemps et tout au fond d’elle s’ouvre l’œil de Dali. Irrigué de mille amours, il me voit enfin tel que je suis. Je n’ai tué personne, je ne peux pas tuer, je suis un personnage. Personne n’a pu tuer le Docteur Edwardes parce qu’il n’existe pas.
 
dans le premier tiers du film
Hitchcock fait une courte apparition
-d’abord je trouve qu’il a l’accent anglais
puis je me rends compte qu’il parle anglais
et quelques secondes plus tard
je me souviens qu’il est anglais-
le principe de cette incarnation
qui vous intrigue tant
est pourtant simple
explique-t-il
Ingrid Bergman
n’est pas toujours Constance Petersen
alors que Constance Petersen
est toujours Ingrid Bergman

Maintenant, j’ai compris. Je ne suis sûr que de deux choses. L’ombre du printemps est toujours le printemps. Et l’intelligence de ton corps nourrit la terre.



Remercie pour la lumière du jour
pour ta vie et ta force
-Tecumseh, chef Shawnee


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Avatar : Déesse Epona, bois de chêne, alliage cuivreux, tôle d'argent et pâte de verre, Ier-IIème siècle, Saint Valérien, Bourgogne (actuelle Yonne)
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