Chaque petit oiseau commença à pépier dans la vallée
-Skáld










Soleil sans disciples

Et au début
on riait dans le même arbre
-enfants on se ressemblait beaucoup-
le bruit des feuilles jamais sèches
tant nos pieds riaient toujours
j’y reviens j’y suis 
la musique des pas
quand nous courons nus l’un vers l’autre

heureuses
les hanches se ploient
les sexes s'effleurent sans s'affronter
les branches saluent leurs semblables
ô mon frère où étais-tu ?
dans quelles vies t'es-tu ralenti
au point d'oublier ? 

ça sent le bon terreau d'enfants
sous les racines
les tendres funérailles
répétées
et encore répétées
le lent tambour des galères

très noire et odorante
l'argile des miens
pour refaire d'autres miens
ô ma si proche
tu sais tout ça
nos mains rendent un son mouillé
et créent des formes
pour tenter d'en rendre compte
ensemble

ô ma bouche fraîche
ô ma mystère
ton sexe fleurit maladroitement dans le mien
nous savons qu'un jour il y aura la guerre
sans connaître le sens du mot
alors
tout en continuant à courir l'un dans l'autre
nus dans l'arbre
 nous faisons mine de chercher
d'ouvrir et refermer
des emplacements de blessures sur nos corps
nous lle faisons rythmiquement
parce que c'est un jeu

puisque nous nous sommes déjà trouvés

l'arbre bruisse de bonheur
la terre nous recharge
nous rechargeons la terre

ô mon moitié
dans nos bras réunis
qui jouent à bercer un troisième nous
il n'y a pas de trou

et à nos débuts
à chaque fois que nous nous retrouvons
nous sommes un seul tronc creux
soudain éclairé par le passage du soleil